La clé d’une nouvelle relation réussie entre un chat et un humain est la patience.
                                                                                                            Susan Easterly

Et de la patience, parfois, il en faut !

Le jeune chiot (et pas que le jeune chiot, d’ailleurs), qui ronge les pieds des meubles, déchire les coussins, mâchonne les fils électriques et fait des trous partout, tout le monde connaît, et on s’y attend plus ou moins quand il arrive à la maison. En revanche, les capacités destructrices des chats sont souvent insoupçonnées. Comment gérer cette créature, quand elle lacère vos fauteuils, ou dévore votre ficus ? Quelques éléments de réponse ci-dessous.

Les griffades

    Qu’est-ce qu’il a à faire ses griffes, ce chat ?

Le chat griffe pour marquer son territoire, et notamment sa zône de repos, là où il aime pouvoir s’isoler et dormir. La communication avec les autres chats passe par les canaux visuel, (lignes verticales des griffades), et chimique (des phéromones, secrétées sous les coussinets, sont déposées quand le chat griffe).

Pour marquer, le chat choisit un support, de préférence rayé verticalement, le plus souvent à l’entrée de sa zone d’isolement. Il le griffe ensuite en s’étirant.

Ci-dessus à droite : une porte tapissée de paille de riz à rayures verticales, que rêver de mieux pour faire ses griffes ? (flèche noire). Les griffades ne sont pas au ras du sol, on voit que le chat s’est bien étiré avant de commencer. Au passage, on notera le dépôt riche en phéromones, dû au frottement répété des joues et des flancs sur le montant de la porte, à gauche (flèche blanche). Comme ça, le trajet vers la zone d’isolement (une chambre), est bien balisé !

    Alors, c’est normal, qu’il ait démoli le canapé ?

Il est normal qu’un chat marque son territoire en griffant. Ces griffades doivent néanmoins rester limitées, et si possible à l’extérieur, ou tout au moins sur un support acceptable. Lorsqu’un chat se met à griffer à tort et à travers, c’est le signe que quelque chose ne va pas : le plus souvent, il s’agit d’un trouble lié au territoire, qui a pu être désorganisé, ou envahi par d’autres animaux qui ne permettent plus au chat de s’isoler convenablement dans sa zone de repos.

C’est quand même mieux dehors sur un arbre (ci-dessus), que dedans, sur le canapé (ci-contre) !

    Qu’est-ce que je peux faire pour sauver ma tapisserie ?

Si le chat est jeune, et que le problème est récent et limité, quelques mesures simples permettront de ramener la sérénité dans la maison. Il faut d’abord fournir au chat un support acceptable pour faire ses griffes : un morceau de bois vertical, (les chats apprécient particulièrement le bois d’olivier), sera placé près de l’endroit où dort la petite bête, et/ou devant la tapisserie qu’elle a commencé à dépiauter. Attention à choisir un support assez long pour que le chat puisse gratter tout en se mettant debout sur ses pattes de derrière, et en s’étirant ! (photos ci-dessus). On trouve aussi des griffoirs dans le commerce, parfois associés à une « cabane » située en haut d’un pilier, ce qui reconstitue l’association griffade-zone d’isolement. Le griffoir doit être rendu attractif, (jouets, ficelles, y sont suspendus), et le chat doit être félicité, (caresses, nourriture…), quand il s’en approche et fait ses griffes dessus.

Je n’ai pas encore le griffoir, mais j’ai déjà les jouets. Heureusement, d’ailleurs, parce que… z’avez vu mes griffes ?

Une fois que Garfield a commencé à déchiqueter les rideaux du salon, on peut essayer de l’en dissuader en utilisant différents répulsifs : parfum désagréable pour le chat, (citronnelle…), papier alu posé devant le meuble, emballage plastique qui recouvre (provisoirement) ce dernier, objet bruyant que l’on lance, ou pistolet à eau que l’on utilise pour surprendre le chat au moment où il griffe, (mais sans qu’il voie d’où ça vient, sinon il continuera à marquer uniquement en l’absence de ses maîtres !), etc. Il faut aussi réorienter les griffades du chat vers un support acceptable disposé devant le site inapproprié, comme expliqué ci-dessus. Comme il vaut toujours mieux prévenir que guérir, l’idéal est de commencer par ne pas tenter le chat : placer un fauteuil en velours côtelé ou une tapisserie à rayures verticales à proximité du lieu de couchage d’un chat relève de la provocation !

Enfin, et c’est peut-être le plus important, il faut s’assurer que le chat peut s’isoler sans être dérangé, et que son environnement n’est pas régulièrement perturbé. S’il semble que les griffades ne relèvent pas d’un simple problème d’éducation, (nombreux endroits griffés, association à d’autres nuisances comme la malpropreté ou les agressions), une consultation comportementale est nécessaire pour trouver et éliminer la cause du problème, et rétablir l’équilibre du chat en utilisant, si nécessaire, des phéromones et des psychotropes.

Lorsque le chat persiste malgré tout, on peut limiter les dégâts en coupant lui l’extrémité des griffes, ou en les faisant recouvrir d’une capsule plastique (poser la question à votre vétérinaire). Il existe aussi des chaussettes, ou de petites chaussures, anti-rayures – le tout est que Garfield supporte ! L’ablation des griffes est une intervention heureusement interdite en France.

Mâchonnements et ingestions

Certains chats sucent ou mangent ce qu’il ne faudrait pas : cela va des plantes d’appartement, (c’est gênant pour la plante, et ça peut être toxique pour le chat), aux tissus qui peuvent être troués ; (cas des chats suceurs de laine).

Les chats qui mangent les plantes d’appartement vivent souvent exclusivement à l’intérieur, et n’ont pas accès à l’herbe ou à d’autres végétaux. On peut résoudre le problème en leur proposant de la laitue, de la cataire, (herbe à chats), ou d’autres herbes cueillies à l’extérieur.

Certains chats ont la « manie » de sucer la laine, ou la peau des humains. Cela peut avoir une origine génétique, chez les races asiatiques, et notamment les siamois. On rencontre aussi ce comportement chez des chats sevrés très tôt et élevés au biberon : il peut s’agir d’un réflexe de succion persistant, ou d’une manifestation d’hyperattachement du chat à l’humain qui l’a nourri. Parfois, on a tout simplement affaire à un rituel, l’animal ayant remarqué que ses « bisous » amusent les propriétaires et provoquent des caresses, ce qui l’incite évidemment à continuer.

Vous avez dit mâchonnements ? Heureusement que ce n’est pas le superbe yucca que vous regardez pousser avec amour depuis six mois !

Le problème peut être résolu en n’encourageant pas ces succions, en retirant au chat les objets en cause, et en lui fournissant à la place des jouets acceptables. On peut aussi appliquer des répulsifs, (désodorisant, citronnelle), sur les tissus régulièrement sucés.

Enfin, certains chats sucent ou ingèrent des substances inhabituelles, (litière, tissus…), à cause d’un trouble anxieux ou dépressif, qui sera à explorer et à traiter.

Les dommages collatéraux

Un chat, surtout jeune, a une forte tendance à escalader et à explorer. Les bibelots disposés sur le buffet sont particulièrement tentants, et certains chats sont plus maladroits que d’autres ! (Photo ci-contre). Si vous avez des statuettes en porcelaine auxquelles vous tenez comme à la prunelle de vos yeux, pour les avoir contemplées pendant toute votre enfance sur le buffet de votre grand-maman adorée, il sera donc prudent de les mettre à l’abri jusqu’à ce que chaton se calme… en espérant qu’il se calme un jour !

Sinon, on peut offrir à Garfield toutes sortes de souris en peluche avec des clochettes, et lui ménager des zones d’exploration et d’escalade qui l’occupent ; les cabanes en hauteur, mentionnées plus haut, peuvent être intéressantes. Faire jouer le chat plusieurs fois par jour, par exemple en le faisant courir après une ficelle, ira aussi dans le bon sens, en tout cas, à défaut de sauver les statuettes, ça fera autant d’interactions qui ne peuvent être que bénéfiques. Et puis, donc, limiter l’accès aux pièces « sensibles », et éviter de faire vivre exclusivement à l’intérieur un chat non castré, ou élevé en liberté à l’extérieur pendant ses premiers mois de vie (Photo ci-contre).