Un lapin n’est ni un petit chien, ni un chat avec de grandes oreilles – ni d’ailleurs un gros rat ou un gros cobaye : d’un point de vue anatomique et physiologique, il s’agirait plutôt d’un petit cheval qui s’ignore. C’est dire si la consultation vaccinale du lapin est spécifique, et ne ressemble à aucune autre.
Et pourquoi donc ferais-je vacciner mon lapin ?
D’abord parce que la myxomatose et la maladie hémorragique sont deux maladies pour lesquelles il n’existe pas de traitement, et que la vaccination est la seule protection possible. Même le lapin des villes, qui vit au troisième étage de son immeuble, n’est pas complètement à l’abri, puisque la transmission se fait, entre autres, par les insectes piqueurs. Evidemment, le lapin des champs que l’on laisse sortir dans le jardin où viennent la nuit folâtrer les lapins de Garenne, ou celui à qui l’on rapporte de l’herbe cueillie dans la nature, seront beaucoup plus exposés.
Une autre raison de faire vacciner son lapin, est que cela donne l’occasion, une fois par an, de l’examiner et de faire le point sur sa santé (voir plus loin le déroulement de la consultation vaccinale).
L’apparition, en 2012, d’un vaccin homologue, non adjuvé, (donc avec moins de risques de réactions vaccinales), associant myxomatose et maladie hémorragique en une seule injection, et avec des rappels tous les douze mois (au lieu de six précédemment)… constitue une raison supplémentaire de vacciner son lapin !
Quels lapins vacciner ?
Les lapins en bonne santé, âgés de cinq semaines au moins. A noter que le début de l’immunité surviendra trois semaines après la vaccination.
On évitera de vacciner les animaux présentant une immunité défaillante, et notamment ceux qui reçoivent ou ont reçu résemment un traitement corticoïde.
On évitera aussi de vacciner les lapins le jour d’une intervention chirurgicale (en même temps qu’une castration, par exemple).
Comme nous l’avons vu au paragraphe précédent, tous les lapins sont concernés par la vaccination contre la myxomatose, maladie transmise par piqûre d’insecte. En ce qui concerne la maladie hémorragique, seront particulièrement exposés les animaux qui sortent, mais aussi ceux à qui l’on rapporte des légumes, de l’herbe ou du foin, ramassés à l’extérieur.
Photo ci-dessus : Tennessee, avant sa vaccination.
Bon, et elles ressemblent à quoi, ces maladies ?
Il s’agit d’une maladie virale, due à un Pox virus à ADN enveloppé (comme le virus de la variole), très résistant dans le milieu extérieur. Ce qui veut dire que lorsqu’on a eu un lapin infecté, il faudra désinfecter énergiquement !
Rappelons que la myxomatose a été introduite volontairement en France en juin 1952 par un professeur en médecine, qui voulait protéger sa propriété contre les lapins sauvages. Malheureusement, le virus n’est pas resté sagement confiné entre les murs du potager ! À la fin de 1953, tout l’hexagone était déclaré contaminé, et à la fin des années 1950, c’était l’ensemble de l’Europe, y compris l’Angleterre. On estime que 90 à 98 % de la population de lapins sauvages périt de myxomatose en France, entre 1952 et 1955.
1 – La myxomatose
Conjonctivite et œdème des paupières chez un lapin sauvage atteint de myxomatose, trouvé agonisant au bord d’une route, en juillet. Le pauvre lapinou a été euthanasié
La myxomatose se présente sous trois formes principales :
Autre exemple de myxomatose avec œdème des paupières, chez deux lapins vivant ensemble.
Il n’existe pas de traitement spécifique de la myxomatose : tout ce qu’on peut faire est de traiter les symptômes (les nodules infectés, la conjonctivite…), en attendant que le lapin arrive à se débarrasser lui-même du virus.
Notons que la vaccination n’empêche pas forcément un lapin d’attraper la myxomatose. Mais un lapin vacciné aura moins de risques de mourir de myxomatose, et présentera des symptômes moins graves.
2 – La maladie hémorragique du lapin
Encore appelée VHD, pour Viral Haemorrhagic Disease – ou tout simplement MHL en français, il s’agit d’une maladie de découverte relativement récente (1984 en Chine, mise en évidence en France en 1988), et due à un Calicivirus à ARN enveloppé. Le virus est présent dans toutes les sécrétions du lapin malade, notamment dans le jetage nasal et les excreta. La transmission se fait directement de lapin à lapin, ou indirectement par l’eau, les aliments, les objets contaminés, et probablement les insectes.
Les symptômes sont aussi frustres que violents, puisqu’après une incubation de un à trois jours, les lapins présentent de l’abattement, de l’anorexie, une fièvre, des difficultés respiratoires, une diarrhée… et meurent en moins de 36 heures, dans 100% des cas ! Les hémorragies qui donnent leur nom à la maladie (saignement par le nez, par l’anus…), ne sont observées que chez 10% des lapins malades. Il n’y a pas de traitement.
Les vaccins récents protègent contre les souches classiques du virus de la MHL (MHLV1), et plus récemment contre les souches du virus de la MHL de type 2 (MHLV2).
Concrètement, ça se passe comment, la vaccination ?
Alors vous amenez votre lapin à la clinique, dans une cage suffisamment grande pour qu’il ne se sente pas trop à l’étroit, ce qui pourrait augmenter l’anxiété due au trajet : une cage de transport pour chat sera parfaitement adaptée, davantage en tout cas qu’une boîte à chaussures ou une « boîte à NAC ». (Photo de droite : Morfalou, dans sa boîte de transport).
Burton, attendant patiemment sur sa serviette.
Une fois arrivé en consultation, Monsieur (ou Madame) Lapin(e) sera tout d’abord examiné. On évitera de l’attraper par les oreilles pour le sortir de sa cage. Attention, les os du lapin sont très fragiles : un mouvement brusque peut provoquer une fracture de la colonne vertébrale, et une chûte de la table peut se terminer avec une patte cassée ! Signalez-nous donc si votre lapin est peureux, et peut avoir des réactions incontrôlées, avant de le sortir de sa cage : nous disposerons alors une serviette éponge sur la table, afin d’empêcher Lapin de glisser, et de rendre le contact plus agréable. Les plus stressés seront rassurés si on leur enfouit la tête dans la serviette, voire même si on les enroule complètement dedans.
Une partie de l’examen clinique est la même que pour le chien ou le chat (photos ci-dessous) : on regarde l’allure générale, l’état d’embonpoint, la couleur des muqueuses, on palpe l’abdomen, on écoute les bruits du cœur et de la respiration, on vérifie l’intérieur des oreilles à l’aide d’un otoscope.
Il existe cependant quelques spécificités de l’examen clinique du lapin : on vérifiera particulièrement sous la queue, l’absence de traces de diarrhée, et sous les pattes arrière, l’absence d’abcès ou autres lésions de la peau (ci-dessous à gauche : coloration des poils sous les pattes arrières d’un lapin bélier, indiquant une macération). La longueur des ongles sera contrôlée. Enfin et surtout, l’état des dents sera vérifié : cela se fait sans difficulté pour les incisives, qui poussent parfois complètement de travers et demandent alors à être coupées (un exemple un peu extrême sur la photo ci-dessous à droite !). Pour les dents du fond, qui peuvent également mal pousser et irriter la gencive, l’examen (à l’otoscope) ne pourra se faire que chez les lapins pas trop stressés ! (ou sous sédation, mais seulement pour les lapins dont le comportement laisse suspecter un problème de ce côté-là).
Les parasites intestinaux n’étant pas rares dans cette espèce, il peut être intéressant d’apporter des crottes de son lapin, qui seront analysées pendant la consultation. Cet examen est conseillé particulièrement chez le lapereau, avant son premier vaccin, et chez le lapin adulte si ce dernier sort beaucoup, ou en cas d’amaigrissement, de diarrhées, de crottes plus rares ou de plus petite taille…
Une fois l’examen clinique terminé, et si tout va bien… on vaccine !
Et après, faut-il des rappels ?
Oui, une fois par an, comme pour les chiens et les chats.
Donc pour résumer, première injection à partir de 5 semaines, début de l’immunité 3 semaines plus tard, et ensuite, un rappel par an.
A noter qu’il y a quelques années, les rappels se faisaient tous les 6 mois, ça s’est donc bien arrangé de ce côté-là.
Y a-t-il des risques, ou des effets secondaires ?
Le plus simple est de se référer à la notice du vaccin :
Une augmentation transitoire de la température de 1 – 2°C peut communément survenir. Un œdème non douloureux de petite taille (d’un diamètre maximum de 2 cm) au site d’injection est communément observé dans les deux premières semaines suivant la vaccination. Cet œdème se résorbe totalement dans les trois semaines après la vaccination. Chez les lapins de compagnie, des réactions locales au site d’injection telles qu’une nécrose, des croûtes ou une perte de poils peuvent survenir dans de très rares cas. Des réactions graves d’hypersensibilité, pouvant être fatales, peuvent survenir suite à la vaccination, dans de très rares cas. L’apparition de légers signes cliniques de myxomatose peut survenir dans les trois semaines après la vaccination, dans de très rares cas. Une infection récente ou latente par des souches terrain du virus de la myxomatose semble, dans une certaine mesure, y jouer un rôle.
NB : définition de la fréquence : très rare = moins d’un animal sur 10 000 animaux traités.
A noter que l’arrivée, depuis 2012, de vaccins homologues, sans adjuvant, a permis d’obtenir une meilleure protection, avec moins de réactions locales au point d’injection (en particulier, il n’existe plus de risque de fibrome de Shope, que nous n’avions rencontré, au demeurant, qu’exceptionnellement).
Et c’est pas tout ça, mais combien ça coûte ?
Tous nos tarifs sont consultables ici
Autre chose à faire, pour éviter la contamination ?
En premier lieu, lutter contre les insectes piqueurs. Les insecticides en « spot-on », que l’on peut utiliser chez le lapin pour lutter contre les puces et autres parasites externes, auront toujours un certain effet répulsif, que l’on pourra compléter par quelques mesures de bon sens (moustiquaires…), notamment pendant l’été, à la tombée du jour.
Après, éviter de sortir son lapin dans les coins du jardin pouvant avoir été visités nuitamment par des lapins sauvages, et ne pas nourrir son lapin avec de l’herbe ramassée à la campagne, et susceptible d’avoir été contaminée par les selles d’un lapin malade.
… Et pour faciliter le suivi de votre lapin par votre vétérinaire, n’oubliez pas d’apporter son carnet de santé à chaque visite !