Ce n’est pas du tout la même chose, ajouta le Lièvre. Vous pourriez alors dire tout aussi bien que : « J’aime ce qu’on me donne, » est la même chose que : « On me donne ce que j’aime. »

Lewis Caroll, dans Alice au pays des merveilles, illustration John Tenniel, 1865.

Un appareil digestif particulier

Dents à croissance permanente, estomac qui ne permet pas de vomir, énorme cæcum au rôle capital, déjections remangées à peine émises (cæcotrophes)… l’appareil digestif du lapin est très particulier, son régime alimentaire le sera donc également : beaucoup de foin, très peu de sucre et de matières grasses. Un gros lapin n’est pas un petit chat !

Un appareil digestif particulier

Dents à croissance permanente, estomac qui ne permet pas de vomir, énorme cæcum au rôle capital, déjections remangées à peine émises (cæcotrophes)… l’appareil digestif du lapin est très particulier, son régime alimentaire le sera donc également : beaucoup de foin, très peu de sucre et de matières grasses. Un gros lapin n’est pas un petit chat !

Du foin, du foin, du foin

Concrètement : du foin, du foin et encore du foin (le volume du lapin, tous les jours), de la verdure fraîche (8 % du poids du lapin chaque jour), et un tout petit peu d’extrudés ou de friandises (fruits, carottes…), pour faire plaisir. Les besoins en eau sont importants. En dehors de leur qualité nutritive, les aliments doivent être appétents pour satisfaire le goût et l’odorat très développés du lapin.

Du foin, du foin, du foin

Concrètement : du foin, du foin et encore du foin (le volume du lapin, tous les jours), de la verdure fraîche (8 % du poids du lapin chaque jour), et un tout petit peu d’extrudés ou de friandises (fruits, carottes…), pour faire plaisir. Les besoins en eau sont importants. En dehors de leur qualité nutritive, les aliments doivent être appétents pour satisfaire le goût et l’odorat très développés du lapin.

Equilibre et transitions

Un régime déséquilibré, (peu de foin, des graines, trop d’aliments du commerce), prédispose à toutes sortes de maladies graves et souvent mortelles : problèmes dentaires, diarrhées, stases digestives, obésité et lipidose hépatique, problèmes urinaires, etc. Un changement de régime ne doit jamais être brusque, mais faire l’objet d’une transition, particulièrement pour la verdure fraîche.

Equilibre et transitions

Un régime déséquilibré, (peu de foin, des graines, trop d’aliments du commerce), prédispose à toutes sortes de maladies graves et souvent mortelles : problèmes dentaires, diarrhées, stases digestives, obésité et lipidose hépatique, problèmes urinaires, etc. Un changement de régime ne doit jamais être brusque, mais faire l’objet d’une transition, particulièrement pour la verdure fraîche.

On a coutume de dire que le lapin est un petit cheval qui s’ignore, et il est vrai que les deux espèces ont beaucoup de choses en commun – à part les oreilles. En tout cas, si l’appareil digestif de votre lapin partage quelques points communs avec celui des équidés, il n’a pas définitivement rien à voir avec celui de votre chien ou de votre chat, et ces trois bestioles ne devront donc surtout pas être nourries pareil ! Une page de ce site pour faire le point sur tout cela, c’est parti.

Un peu d’anatomie digestive

Pour l’anatomie et la physiologie digestives du lapin, on va essayer de faire simple : ce qui suit est intéressant à lire, mais pour ceux qui veulent tout de suite passer aux choses concrètes, il est évidemment permis de shunter !

L’appareil digestif du lapin s’articule autour d’un estomac simple, et d’un cæcum de très grande taille (notre appendice), où ont lieu les fermentations : estomac et cæcum  représentent à eux deux 70 à 80 % du contenu sec du tube digestif du lapin ! Pendant la digestion, il se produit une séparation entre les composants plus ou moins digestes de l’alimentation. Les premiers, (produits solubles et fibres digestibles), sont rassemblés le long des parois du colon, et ramenés vers le cæcum, grâce à des contractions particulières. Les seconds, (fibres de grande taille que l’on retrouve surtout dans le foin et les végétaux frais), continuent leur trajet et sont normalement éliminées sous la forme de crottes dures : ces fibres sont essentielles pour la motricité digestive, mais aussi pour le renouvellement des cellules digestives, les sécrétions, l’absorption, et l’excrétion.

Les éléments marquants du tube digestif d’un lapin sont :

– Les dents, adaptées à une alimentation riche en fibres, avec des incisives pour couper et des molaires pour broyer. Ces dents sont en croissance permanente, donc si elles arrêtent de se frotter les unes contre les autres, elles poussent de façon anormale.

Des incisives pour couper… Pas de problème avec celles de gauche, conformées bien comme il faut (ici, la bouche est ouverte par un… ouvre-bouche, afin de permettre l’examen des dents du fond). En revanche, sur la photo de droite, on est plutôt en  mode mammouth : c’est ce qui arrive lorsque les dents du haut ne sont pas parfaitement en face de celles du bas : comme elles poussent en permanence, si elles ne s’usent pas les unes contre les autres, eh bien elles poussent n’importe comment, et voilà le résultat !

– Un estomac, dont l’anatomie interdit tout vomissement (du fait de l’étroitesse et de la position particulière du cardia, l’entrée de l’estomac) : faute de pouvoir vomir ou roter (oups ! disons d’avoir des reflux gastriques), les problèmes d’estomac (stase, ulcères, obstruction du pylore = sortie de l’estomac…), sont fréquents chez le lapin, et prennent rapidement des proportions dramatiques.

La formation de boules de poils dans l’estomac (trichobézoards) peut être due à un toilettage excessif, mais plus probablement à un transit ralenti.

– Un intestin grêle, où les aliments passent rapidement (2-3 heures seulement), et où la majorité des glucides et des protéines sont digérés.

– Le cæcum et le colon, où se produisent des mouvements complexes qui vont faire transiter les fibres non digestibles (plus de 0,3 mm) vers l’extrémité du colon pour y former des crottes dures (les mêmes que vous et moi), et les particules de petite taille et l’eau dans le cæcum. Les fibres digestibles vont y séjourner de 10 à 25 heures (!), et libérer des acides gras volatils, des acides aminés, et des vitamines. Au petit matin et au crépuscule, le cæcum se vide, et le lapin excrète des crottes particulières, appelées cæcotrophes : il s’agit de grappes de petites crottes molles et entourées de mucus, que le lapin récupère directement à la sortie de l’anus, et réingurgite sans les mâcher : en retrouver dans la cage du lapin indique donc un problème. Grâce à ce mécanisme, le lapin recycle jusqu’à quatre fois ses aliments ! (faut pas gâcher, comme disait l’autre). Le lapin peut ainsi manger de grandes quantités d’aliments sans les stocker dans son estomac, (il ne rumine donc pas comme la plupart des autres herbivores), et se sauver s’il voit arriver un chasseur ou son chien, tout en continuant à digérer.

La plupart des problèmes digestifs, (qui constituent eux-mêmes une grande partie des maladies du lapin !), sont dus à un déséquilibre alimentaire : ration trop pauvre en fibres (foin et verdure), et trop riche en protéines et en glucides (granulés) : nous y reviendrons plus loin.

Le comportement alimentaire du lapin

Dans la nature, le lapin se nourrit de toutes sortes de végétaux : herbes diverses, graminées, ou légumineuses (trèfle, luzerne…). Il préfère les feuilles jeunes et tendres aux tiges sèches, ce qui se comprend. En hiver, il apprécie particulièrement les bourgeons et les jeunes pousses, les feuilles de chêne qui recouvrent le sol, et les écorces d’arbres fruitiers. En période de disette, il faut bien faire avec ce qu’on trouve, et le lapin ne peut plus faire le difficile en ne mangeant que les jeunes feuilles bien tendres : il consomme la totalité de la plante, tige sèche inclue, ce qui est encore le meilleur moyen de manger équilibré.

À l’état domestique, en revanche, le lapin a du choix ; et avec son goût et son odorat développés, il devient très sélectif ! Il va donc manger ce qu’il aime (les aliments sucrés et/ou gras, mais aussi amers comme les endives et les pissenlits), et délaisser ce qu’il n’aime pas, au point de gratter, voire renverser sa mangeoire s’il est contrarié par ce qu’on lui donne. Et comme ses maîtres(ses) veulent lui faire plaisir, ils vont lui donner tout ce qu’il aime. D’ailleurs, s’ils ne le font pas, le lapin boude et arrête de manger. Cela conduit à des rations déséquilibrées, souvent données à volonté, à l’origine d’une bonne partie des maladies du lapin.

Sans céder aux caprices du lapin, il faut tout de même respecter son goût développé, et ne pas se moquer de lui ! le foin doit être vert, odorant, ne pas être poussiéreux, et contenir différentes parties de la plante (voir plus loin le paragraphe spécifique au foin). Les végétaux doivent être frais et variés : si l’alimentation est trop monotone, Monsieur lapin (ou Madame, d’ailleurs), peut s’arracher les poils, ou s’attaquer aux tapis et moquettes, voire aux fils électriques. Notons qu’une ration trop pauvre en fibres, ou un milieu de vie également trop pauvre, conduisent au même résultat. (Voir également le chapitre de ce site consacré aux destructions ; d’autres aspects du comportement du lapin y sont également abordés).

Enfin, même si cela ne concerne pas directement le comportement alimentaire, un petit tour à l’extérieur de temps en temps fait du bien au lapin (dessin ci-contre) : cela enrichit son milieu de vie, et surtout lui permet de capter le soleil par ses oreilles ! Il faut savoir qu’un lapin carencé en vitamine D reconstitue son stock rapidement et pour plusieurs mois, grâce à l’action des UVB sur sa peau, notamment celle des oreilles. Attention, il faut une action directe du soleil, et pas des rayons qui passent à travers une vitre.

Et donc… en pratique ?

Trois composantes essentielles dans l’alimentation du lapin :

1 – Du foin, du foin, du foin !

C’est la base, la composante essentielle de l’alimentation du lapin, ce qu’on peut trouver de plus proche de ce que mange le lapin sauvage dans un champ.

Riche en fibres, le foin est ce qu’il y a de mieux pour assurer la motricité digestive, essentielle chez le lapin, comme nous l’avons vu plus haut. Mâcher longuement du foin permet aussi au lapin d’user ses dents à croissance continue, en respectant ses mouvements de mastication normaux (horizontaux), contrairement aux granulés et extrudés, qui favorisent les mouvements de mastication verticaux. Comme le foin est pauvre en énergie et qu’il faut donc en consommer beaucoup avant d’être rassasié, mastiquer du foin occupe le lapin tout au long de la journée, et pendant qu’il fait ça, il ne pense pas à autre chose, et ça lui évite de faire des bêtises. Enfin, le foin (de bonne qualité) est riche en vitamine D, et son rapport phosphocalcique est équilibré. Il s’agit donc (presque) de l’aliment parfait, on pourrait (presque) nourrir son lapin exclusivement au foin avec beaucoup d’eau à côté mais, outre le fait que la plupart des propriétaires ne trouveraient pas ça très fun, il y aurait tout de même quelques petits déséquilibres à la longue. Il sera donc nécessaire de donner à côté un peu de verdure fraîche et quelques extrudés (voir plus loin).

Concrètement, le foin doit être de bonne qualité, vert, bien odorant, non poussiéreux. Il est bien d’utiliser deux sortes de foin différentes : d’une part, cela augmente la diversité des nutriments, d’autre part, cela fait une variété de goûts et d’odeurs appréciée par cet animal au goût et à l’odorat très sensibles.

Le foin de prairie est l’aliment de base du lapin adulte, tandis que le foin de luzerne est plutôt destiné aux lapin(e)s en croissance, en gestation, en lactation, ou carencés en calcium : plus riche en énergie et en calcium, il pourrait être à l’origine de la formation de cristaux ou de calculs urinaires chez le lapin « normal ».

Le foin est à fournir à volonté : le lapin doit pouvoir en consommer l’équivalent de son volume corporel, tous les jours. Attention, le foin n’est pas une litière ! il vaut mieux en distribuer une petite quantité, plusieurs fois par jour, dans un bac ou dans un ratelier, plutôt que d’en mettre un gros paquet sur le sol de la cage le matin, et que le lapin passe ensuite sa journée à patauger dedans et à y faire ses besoins !

2 – La verdure fraîche

La verdure n’est pas synonyme de légumes, c’est la partie émergée (aérienne) des plantes, autrement dit les herbes et le feuillage. Les autres légumes (haricots, petits pois…), et les racines (carottes…), n’en font donc pas partie.

Herbes et feuillage, la verdure est donc ce qui se rapproche le plus de ce que mange le lapin sauvage dans sa prairie ou dans sa forêt. Les plantes aromatiques, (persil, thym, fenouil, coriandre, basilic, menthe…), les fanes (de carottes, de navets ou de radis), le céleri, le cresson, les blettes… (liste non exhaustive), rentrent dans cette catégorie. La plupart des salades, (feuille de chêne, scarole, frisée, mâche, roquette, pissenlit, endives, épinards…), font également partie de la verdure fraîche appropriée pour un lapin, mais les laitues, trop riches en eau, sont à éviter (photo ci-contre : mâche et roquette).

Distribuée en abondance et tous les jours, la verdure est pauvre en énergie, mais apporte au lapin fibres et silice (pour l’usure des dents), hydratation, et vitamines (notamment vitamine A, importante pour la peau et les muqueuses, vitamine D pour l’équilibre du calcium, et vitamine E pour son action antioxydante). Idéalement, on devrait inclure trois légumes différents dans une ration. (C’est la version lapins des cinq fruits et légumes par jour !)

La quantité journalière de verdure, (à distribuer divisée en deux repas), est de 8 % du poids du lapin : concrètement, cela fait 80 grammes par jour (40 grammes matin et soir) pour un lapin d’un kilo.

Les légumes sont distribués non épluchés, et lavés. Le débat fait rage entre ceux qui disent qu’il faut ensuite sécher les légumes, au motif qu’un légume mouillé provoque des troubles digestifs, notamment chez les lapins qui n’y sont pas habitués et se nourrissaient jusque-là de granulés (ce qui est au demeurant exact : voir plus loin les règles de transition alimentaire) ; et ceux qui rétorquent que ce séchage est inutile chez les lapins habitués aux légumes, (les lapins sauvages ne s’arrêtent pas de manger quand il pleut), et même dommageable pour les lapins qui boivent peu. Afin de ne froisser personne, on pourra dire qu’il est bien d’essuyer un peu les légumes après les avoir lavés…

Attention aussi à la verdure fraîche que l’on va ramasser dans les champs, le dimanche après-midi. Il n’est pas exclu qu’un lapin malade se soit soulagé dessus. Donc non seulement cette verdure doit être lavée, mais pensez aussi à vacciner votre lapin contre la maladie hémorragique (VHD).

Concernant les autres légumes : les choux, (qui risquent de fermenter), les aubergines, les légumes racines (carottes, topinambours…), peuvent être donnés, mais en quantité très modérée. Les légumes riches en eau (concombre, courgette), peuvent être donnés quand il fait chaud. Avocats, pommes de terre et haricots crus, sont toxiques. (Photo ci-contre : quelques aliments à éviter absolument !)

Les fruits, très riches en sucre, ne doivent être distribués que de façon occasionnelle : une ou deux

fois par semaine maximum, et en très petites quantités. Ils sont à considérer comme des friandises, et rien de plus. La pomme, peu nutritive, est généralement appréciée des lapins, et n’est pas dangereuse si elle est consommée avec modération. Il en est de même des fruits à chairs orange ou rouge. Les fruits beaucoup plus énergétiques, comme la banane, sont à éviter.

3 – Extrudés, granulés, et autres aliments du commerce

Il existe dans le commerce différents types d’aliments, de qualité très variable : certains de ces aliments sont plus ou moins une transposition des granulés destinés aux lapins d’élevage : or, on ne nourrit pas de la même façon un lapin d’élevage destiné à être rapidement engraissé avant d’être abattu et mangé à quatre mois, et un lapin domestique qui doit vivre dix ans ou plus. Trop énergétiques et ne permettant pas une usure correcte des dents, ces produits sont à distribuer en quantité très limitée, et ne constituent en aucun cas, comme l’emballage le prétend parfois, un aliment complet à donner à volonté, sans rien d’autre à côté. Détaillons un peu ces différents types d’aliments du commerce :

– Les mélanges de graines : ils sont tout jolis, avec leurs graines de différentes couleurs ; mais voilà, un lapin, ça ne mange pas de graines. Les graines, (notament les gousses de caroube), ça peut donner des dilatations d’estomac et des occlusions intestinales, et pan, ça vous tue le lapin. Donc, on oublie les graines.

– Les granulés : on prend des ingrédients alimentaires, on ajoute de la mélasse pour faire du lien, puis on comprime à froid. C’est économique pour le propriétaire, et comme la mélasse est sucrée, c’est très appétissant pour le lapin qui, du coup, ne veut plus rien manger d’autre. Le problème, c’est qu’avec beaucoup de sucres rapides, d’amidon et de phosphore, et peu de fibres et de calcium, tout cela est très déséquilibré, et peut provoquer déminéralisation osseuse, problèmes dentaires, obésité, troubles urinaires… Donc, on va dire qu’on oublie aussi les granulés.

– Les granulés compressés à chaud : c’est nouveau, ça vient presque de sortir. Ce sont toujours des granulés, mais compressés à 70°C, ce qui permet de se passer de mélasse. Ils sont riches en foin et en herbes, et ne contiennent pas de céréales. Donc pour la composition, c’est bien… mais ils sont moins appétents que les granulés ou les extrudés. On ne peut pas tout avoir…

– Les extrudés, justement (photo de droite) : ce sont aussi des sortes de petits batônnets résultant d’une extrusion à haute température (> 130°C) et à haute pression – ne me demandez pas de vous expliquer ! Pas de mélasse, l’amidon est rendu plus digestible par la chaleur, mais quand même peu de fibres, et le même déséquilibre phosphocalcique que les dans granulés. Quelques nutriments intéressants sont lysés à la cuisson, mais on rajoute des vitamines à la fin, ainsi que des arômes, ce qui rend ces aliments très appétents…

– Les aliments mono-forages : comme les granulés compressés à chaud, ça vient de sortir. C’est du foin et de l’herbe agglomérés, (donc c’est riche en fibres !), et ça ressemble un peu aux lamelles à mâcher pour chiens. Un seul inconvénient : comme les granulés compressés à chaud, ça peut paraître bien fade à un lapin habitué à la mélasse des granulés, ou aux arômes des extrudés…

Bref, même si les deux nouveaux types d’aliments (granulés compressés à chaud et mono-forages) ont une composition plus intéressantes, les aliments du commerce ne peuvent pas constituer l’essentiel de la ration d’un lapin. On peut très bien s’en passer, ou alors les considérer comme une friandise, qui fait plaisir au propriétaire tout autant qu’au lapin. Les quantités recommandées sont 2 à 3 % du poids du lapin, soit 25 grammes par jour pour un lapin d’un kilo, divisés en deux prises. On rencontre aussi les recommandations d’une cuiller à soupe matin et soir par kilo de lapin, ce qui doit revenir à peu près au même ; ou bien de laisser ces aliments en libre service 1/2 heure matin et soir, puis de retirer l’assiette. Une autre solution intéressante est de disperser une petite quantité d’extrudés un peu partout dans l’environnement, ou encore de les cacher dans des jouets distributeurs : votre lapin passera un bon moment à les chercher ou à essayer de les attraper, et cela occupera sa journée !

4 – Les friandises

Comme les mousquetaires, les trois composantes de l’alimentation sont en fait quatre, si l’on compte les friandises. À distribuer occasionnellement, mais elles ne doivent en aucun cas constituer la base du régime !

On pourra utiliser comme friandises des constituants de l’alimentation naturelle du lapin : fruits (ok pour la pomme, mais pas pour la banane : voir plus haut), légumes-racines (carottes etc), herbes aromatiques, herbes séchées… Mais attention : donnés en excès, les fruits et les légumes-racines – sans parler des friandises industrielles ! – sont les principaux responsables de l’obésité, qui affecte une grande partie de la population de lapins domestiques en France.

Un lapin obèse est prédisposé à la lipidose hépatique, grave maladie du foie qui touche les lapins (et les chats) obèses qui, pour une raison ou pour une autre, s’arrêtent de manger, même pendant seulement quelques jours (après une intervention chirurgicale ou une maladie, par exemple). Donc, les friandises, ce sera par exemple deux fois par semaine, voire quotidiennement, surtout si on les utilise pour l’éducation, mais alors, toujours en petites quantités.

Quant aux friandises industrielles genre Corn Flakes au miel… il vaut mieux oublier ! (Et pas que pour les lapins…)

… Et l’eau, dans tout ça ?

Enfonçons une porte ouverte : l’eau doit être propre, fraiche, changée régulièrement, et fournie à volonté…

Plus de 2 cm de diamètre, quand même, le calcul de la lapine !

Le lapin est un animal qui boit beaucoup : 50 à 150 ml par kilo et par jour, ce qui fait qu’un lapin de 2 kg boit autant qu’un chien de 10 kg ! Attention, un défaut d’abreuvement est l’un des facteurs qui peut conduire à la formation de calculs urinaires. (Photo ci-contre : un « beau » calcul retiré de la vessie d’une lapine).

Le débat fait rage (décidément…) entre tenants du biberon, et supporters du bol en céramique. (Lourd, le bol – d’où la céramique : les lapins adorent renverser leur bol). Les partisans du biberon disent que l’eau du bol est vite souillée, et que tremper le menton dans l’eau provoque des problèmes de peau.

Ceux du bol en céramique répliquent qu’il n’y a pas de biberon dans la nature, et que le lapin est obligé de boire la tête en l’air, ce qui n’est pas une position naturelle (photo de droite). En outre, le tuyau du biberon peut facilement se boucher, ou fuir, et l’eau qui y stagne peut être contaminée par des algues ou autres micro-organismes. Dans tous les cas, le dispositif devra être très fréquemment nettoyé. Tenu à l’écart du foin et de la litière si vous optez pour le bol, vérifié régulièrement pour les fuites, les obstructions et la propreté du tuyau si vous avez une préférence pour le biberon.

Pas besoin d’aller faire le plein de Volvic ou de Vittel pour votre lapin, l’eau du robinet fera très bien l’affaire, si elle n’est pas trop calcaire vers chez vous. Surtout pas de lait, de café, d’infusion, de pastis (on ne sait jamais)… les jus de fruits ou de légumes (à la carotte…) ne seront utilisés qu’occasionnellement en traitement ou en convalescence, et pas en routine.

La transition alimentaire

Vous avez lu tout ce qui est écrit ci-dessus, et vous avez décidé de ramener dans le droit chemin votre lapin nourri depuis toujours aux granulés et au mélange de graines. Ou alors, le régime déséquilibré, riche en sucre et pauvre en fibres, a déjà produit ses effets : obésité, problèmes dentaires, arrêt du transit, diarrhées… que des pathologies souvent graves, potentiellement mortelles chez le lapin (photos ci-dessous).

Radiographies de profil de l’abdomen d’un lapin de neuf ans, présenté en état de choc, avec le ventre gonflé et un arrêt du transit (ileus – photo du haut) : l’intestin, extrêmement dilaté et rempli de gaz (toutes ces poches noires sur la radio), occupe la quasi-totalité du ventre du lapin. On imagine aisément la douleur causée par un tel ballonnement ! Photo du bas : retour à la normale avec reprise du transit et disparition du gaz intestinal, après 48 heures de réhydratation, gavages, et injection de médicaments contre la douleur et pour relancer le transit.

La transition alimentaire vers un régime dominé par le foin et la verdure, va se heurter à deux obstacles. Tout d’abord, un problème d’appétence : il y a des années que Lapinou mange des aliments gras et sucrés, et d’un seul coup d’un seul, voilà que vous prétendez lui faire brouter du foin ! on en a vu renverser leur écuelle pour moins que ça ! Le deuxième obstacle est d’ordre médical : un brusque changement d’aliment risque de provoquer une diarrhée qui peut être dangereuse. Pour ces deux raisons, une transition s’avère toujours nécessaire.

Cette transition pourra durer de une à cinq semaines. La nouvelle nourriture est introduite en très petites quantités, mélangées à l’ancienne. Les selles sont observées chaque jour, et la transition n’est poursuivie que s’il n’y a ni diarrhée, ni arrêt du transit. On commence par introduire le foin, tout en continuant à distribuer les granulés habituels. Si le lapin a du mal à accepter le foin, le mieux est de le lâcher dans l’herbe : cela motive généralement les plus récalcitrants. Une autre solution est de stocker le nouvel aliment (foin ou autre) dans le sac de l’ancien, afin de l’imprégner de l’odeur de ce dernier.

Une fois que l’habitude de manger du foin est prise, on commence à diminuer progressivement la quantité de granulés, puis on introduit progressivement les légumes. Il convient d’être particulièrement prudent avec la verdure fraîche : on en introduit un nouveau type chaque semaine en petite quantité, et on surveille très attentivement le transit. On arrive ainsi progressivement à une offre diversifiée.

Le même processus est appliqué aux lapins nouvellement acquis, dont on ignore le régime précédent, et aux lapereaux au moment du sevrage.

Signalons enfin que pour les lapins anorexiques et dénutris, qu’il faut absolument réalimenter ou chez qui il faut relancer le transit, il existe des aliments riches en fibre à faire avaler à la seringue. Cela est généralement commencé en hospitalisation, après un diagnostic et parallèlement à la mise en place d’un traitement, et poursuivi à la maison, si nécessaire.

Et les très jeunes lapins ?

Il existe une particularité de l’estomac et de l’intestin des jeunes lapins : contrairement à ce qui se passe dans les autres espèces, aucune microflore digestive ne se développe, à cause de la présence dans l’estomac d’un acide gras en provenance du lait maternel, acide gras ayant des propriétés antimicrobiennes. Si des lapereaux orphelins sont nourris avec du lait de vache (ou tout autre lait) en lieu et place du lait de lapine, ils seront donc plus sensibles aux infections digestives, faute d’avoir pu produire leur acide gras antimicrobien. À partir de l’âge de quatre à six semaines, l’acidité de l’estomac changera progressivement, et une flore digestive pourra se développer… à condition que l’alimentation soit équilibrée et que les lapereaux ne soient ni stressés, ni exposés à des bactéries pathogènes.

À défaut de lait de lapine, et vu qu’il faut bien nourrir les lapereaux orphelins avec ce qu’on a sous la main, on peut utiliser en priorité du lait maternisé pour chaton, (ou chiot), en le préparant deux fois plus concentré que pour ces dernières espèces. Le lait sera réchauffé à 37°C au bain marie, et le lapereau maintenu vertical pendant la tétée (photo ci-contre : nutrition d’un lapereau orphelin avec du lait maternisé, à la clinique vétérinaire de Villevieille). Si on n’a vraiment vraiment rien d’autre, on peut utiliser du lait de vache (mais bof), en l’enrichissant avec un jaune d’œuf ou avec de la crème fraiche (une cuiller à café de crème fraiche pour une tasse de lait). Pour les raisons exposées plus haut, il est important de ne pas inoculer quantité de germes au lapereau en même temps que le lait : donc bien se laver les mains, stériliser le matériel, et ne pas laisser traîner le lait toute la journée sur la table de la cuisine.

Attention, la lapine ne s’occupe de ses lapereaux que deux fois par jour, et quelques minutes seulement à chaque fois (le reste du temps, elle vaque à ses occupations…). Donc deux repas par jour, et puis c’est tout, sinon les lapereaux seront suralimentés. Leur faire avaler 20 à 25 % de leur poids par têtée, soit 2,5-5 ml par repas la première semaine, 3,5 à 7 la seconde, 7 à 13 la troisième (un peu plus pour les gros lapins). Et n’oubliez pas de masser le ventre et les fesses des lapereaux avant et après chaque repas, (on ne vous demandera quand même pas de les lécher comme la mère !), afin de stimuler les réflexes de miction et de défécation.

Malgré tous vos efforts, rappelez-vous que la mortalité sera toujours élevée chez les lapereaux orphelins. Donc essayez, mais ne déprimez pas trop si le résultat n’est pas à la hauteur de vos espérances.

À défaut de nourrir les orphelins vous-mêmes, si vous avez envie de les faire adopter par une autre lapine, rappelez-vous que les mères marquent leurs petits avec leur odeur, et tuent les lapereaux des autres ! si vous comptez faire adopter un lapereau orphelin par une autre mère que la sienne, commencez donc par le frotter à un lapereau appartenant à cette dernière : cela lui évitera peut-être de se faire directement occire !

Le sevrage commence à l’âge de deux-trois semaines : orphelins ou non, les lapereaux peuvent alors commencer à manger du foin, puis graduellement à partir de trois semaines, de la verdure sèche et propre (carottes et fanes de carottes, pissenlit…). À quatre semaines, des granulés de croissance peuvent être distribués. À partir de six semaines, les lapereaux sont sevrés, et peuvent être adoptés, mais il est prudent d’attendre l’âge de 3-4 mois avant de leur distribuer de la verdure fraîche, surtout pour les lapereaux d’animalerie qui n’ont mangé que des aliments du commerce. Ceux qui ont connu une alimentation diversifiée avec leur mère, peuvent manger de la verdure fraîche beaucoup plus tôt.