Sommaire

PETIT AVERTISSEMENT AVANT D’ALLER PLUS LOIN DANS CETTE PAGE : ça s’est bien terminé pour tous les chiens dont nous montrons les photos ici, mais certaines images ne sont pas très… appétissantes ! (et encore, vous n’avez pas l’odeur). Donc si vous craignez de ne pas supporter la vue d’un chien bien secoué par une grosse gastro, il vaut mieux passer directement à l’article suivant !

Ceci étant dit, la légende de la photo, quand même :

Il s’agit d’une chienne de six mois, atteinte de parvovirose, photographiée dans le lazaret (= chenil pour animaux contagieux), de la clinique vétérinaire de Villevieille : vomissements et diarrhées hémorragiques incessants pendant plusieurs jours, prostration intense, fièvre, hypoglycémie… la chienne, ici sous perfusion, a fini par retourner chez elle, en forme, après cinq jours de soins intensifs.

Un virus résistant, une maladie grave
Le virus de la parvovirose du chien est un organisme très résistant, qui se transmet de manière directe (par les selles, le vomi, les urines…), ou indirecte (à partir de l’environnement).
Les chiens infectés développent une gastro-entérite hémorragique, souvent fatale chez les chiots et les jeunes, mais qui peut aussi être grave chez les adultes.
Un virus résistant, une maladie grave
Le virus de la parvovirose du chien est un organisme très résistant, qui se transmet de manière directe (par les selles, le vomi, les urines…), ou indirecte (à partir de l’environnement).
Les chiens infectés développent une gastro-entérite hémorragique, souvent fatale chez les chiots et les jeunes, mais qui peut aussi être grave chez les adultes.
Un diagnostic sur place, ou en laboratoire
Une numération-formule sanguine ou un simple frottis sanguin montrent souvent un effondrement du nombre de globules blancs, qui constitue un signe d’appel. Un test rapide, sur écouvillon rectal, permet ensuite le diagnostic en cours de consultation. Un test PCR, plus sensible, peut aussi être réalisé dans un laboratoire extérieur.
Un diagnostic sur place, ou en laboratoire

Une numération-formule sanguine ou un simple frottis sanguin montrent souvent un effondrement du nombre de globules blancs, qui constitue un signe d’appel. Un test rapide, sur écouvillon rectal, permet ensuite le diagnostic en cours de consultation. Un test PCR, plus sensible, peut aussi être réalisé dans un laboratoire extérieur.

Un traitement difficile, un vaccin efficace

Le traitement est avant tout symptomatique (perfusions, anti-vomitifs…). L’interféron oméga a une action anti-virale et réduit la mortalité, mais son coût est élevé.

 La vaccination est efficace, à condition que le chiot soit âgé d’au moins 12, voire 16 semaines à la dernière injection. La prévention passe aussi par le nettoyage, puis la désinfection des lieux et objets souillés : l’eau de javel est l’un des seuls désinfectants efficaces.

Un traitement difficile, un vaccin efficace

Le traitement est avant tout symptomatique (perfusions, anti-vomitifs…). L’interféron oméga a une action anti-virale et réduit la mortalité, mais son coût est élevé.

 La vaccination est efficace, à condition que le chiot soit âgé d’au moins 12, voire 16 semaines à la dernière injection. La prévention passe aussi par le nettoyage, puis la désinfection des lieux et objets souillés : l’eau de javel est l’un des seuls désinfectants efficaces.

Le virus

La parvovirose du chien est due à un… parvovirus. (Jusque là, ça va). Les parvovirus sont de tout petits virus (parvus en latin = petit, voilà pour la demi-ligne culturelle de la page), donc de petits virus à ADN simple brin linéaire, non enveloppés, et très résistants : aux désinfectants (on en parle en bas de la page), à la chaleur (30 mn à 70°C), et à l’acidité (un pH de 3, autant dire que l’acidité, quand ils traversent l’estomac, c’est pas leur problème).

Jusqu’à la fin des années 1970, le virus de la panleucopénie infectieuse féline était le seul parvovirus ayant une importance en médecine des petits animaux, et le chien n’était infecté que par un parvovirus peu agressif (CPV-1, pour Canine Parvovirus de type 1). Et puis, à la suite d’une mutation à partir d’un autre parvovirus proche du virus félin (car ces virus ont une grande aptitude à muter, ce qui est toujours embêtant), apparut le CPV-2, qui provoqua en 1978-79 une pandémie de gastro-entérites hémorragiques, responsable de la mort foudroyante de milliers de chiens, avec vomissements et diarrhées hémorragiques.

Le parvovirus ! (d’après Hueffer et coll, 2003)

Il s’agit là, comme disait l’autre, d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, mais à l’époque, toutes les expositions canines furent suspendues, les chiens interdits de Salon de l’Agriculture… et il en fut ainsi jusqu’à ce qu’un vaccin voie le jour et que les choses se tassent. Depuis, le CPV-2 d’origine a été remplacé par trois souches, CPV-2a, CPV-2b au début des années 1980, et plus récemment (en 2000), CPV-2c. Ceci n’intéressant que les spécialistes, car après quelques études contradictoires, il ne semble finalement pas qu’il existe de différence significative entre les différentes souches de virus, en matière de dangerosité, de diagnostic, ou d’efficacité du vaccin.

Le virus est émis dans un peu toutes les sécrétions : selles, vomissements, salive, urines… Autant dire que comme les chiens urinent partout et qu’un chien à parvovirose passe son temps à vomir et laisse derrière lui de grosses flaques de diarrhée, il met du parvovirus partout. Le nombre de virus excrétés est important au départ et l’excrétion peut se poursuivre pendant deux mois mais à la fin, les virus sont beaucoup moins nombreux et on ne sait pas trop dans quel état de fraîcheur ils sont – autrement dit, s’ils sont encore capables d’infecter un chien, ou pas. Une fois excrété, le virus s’introduit chez un nouveau chien par voie orale ou nasale, directement en provenance d’un chien contaminé, ou indirectement, à partir de l’environnement – et on a vu que les CPV y sont très résistants ! (six mois à température ambiante). On décrira un peu plus loin comment ils circulent dans l’organisme, et quelles en sont les conséquences. A noter que 5 à 10% des chats à typhus – et jusqu’à 80% dans certains pays d’Asie ! –  sont infectés par un CPV-2 (surtout le 2c), et non par le parvovirus félin ; mais pour une raison (encore) inconnue, ils ne semblent pas pouvoir infecter le chien, alors qu’un chien atteint de parvovirose peut infecter un chat.

Les symptômes

La future victime se contamine directement en léchant ou en mangeant les selles ou le vomi d’un chien malade (très riches en virus), ou bien au contact de matériel, vêtements, chaussures… contaminés (du fait de la très grande résistance du parvovirus dans l’environnement).

Une fois ingéré, le virus se multiplie dans les premiers tissus lymphoïdes qu’il rencontre (amygdales, pharynx, intestin…) avant de se répandre dans tout l’organisme (virémie), après seulement trois jours de présence. Cette phase de virémie se traduit par de la fièvre, de l’abattement, et une perte d’appétit.

Deux à quatre jours plus tard (J 5-7), le virus gagne les cellules en division de l’intestin, de la moelle osseuse, et du système nerveux du fœtus, si ça tombe sur une chienne qui a eu la mauvaise idée d’être gestante juste à ce moment-là. Il en résulte, pour l’intestin, une diarrhée hémorragique (photo ci-contre) et des vomissements très impressionnants, avec une hypermotilité intestinale pouvant conduire à des intussusceptions (= invaginations : l’intestin se retourne, s’invagine « en doigt de gant »), généralement mortelles dans ce contexte ; (parce que dans l’état où est le chien, ce serait quand même osé de partir dans une chirurgie pour lui enlever un morceau d’intestin !)

Pour la moelle osseuse, par un effondrement du nombre de globules blancs (leucopénie : photo ci-dessous), et particulièrement de polynucléaires neutrophiles (neutropénie), entraînant un déficit immunitaire sévère ; et pour le fœtus, par des avortements ou des malformations, notamment neurologiques.

Là, ce n’est pas la photo du frottis sanguin d’un chien atteint de parvovirose, mais d’un chat atteint de panleucopénie infectieuse féline (= typhus du chat) ; mais ce n’est pas grave, parce que dans les deux cas, il s’agit d’un parvovirus, et que ses effets sur le sang sont exactement les mêmes. Sur la photo de gauche, on voit un frottis sanguin normal, avec en particulier, toutes ces petites images violettes et torsadées, qui sont les noyaux de globules blancs, majoritairement des polynucléaires neutrophiles. Les petits ronds… plus ou moins ronds et moins colorés, tout autour, étant les globules rouges. La photo de droite montre le frottis sanguin d’un chat atteint du typhus, prise à un plus faible grossissement afin de balayer une portion encore plus large du frottis : pas le moindre globule blanc en vue ! En cause, le parvovirus, qui s’attaque aux cellules en division de la moelle osseuse, en plus de celles de l’intestin. 

Anorexie, diarrhées, vomissements, infection, épuisement rapide des réserves de l’organisme… provoquent un effondrement du taux de sucre (hypoglycémie) et des électrolytes (sodium, potassium, chlore), qui aggravent encore l’état général du chien.

Les chiots nouveaux-nés ou âgés de quelques semaines, (a fortiori les fœtus !), sont généralement vite emportés par la maladie, avec parfois en plus une inflammation du muscle cardiaque (myocardite). La mortalité est forte chez les jeunes chiens âgés de moins de six mois. Les adultes résistent mieux, mais peuvent mourir aussi, ou du moins être sévèrement touchés, et nécessiter des soins intensifs et parfois longs, avant de s’en sortir (photo ci-dessous). Certaines races prédisposées, notamment les rottweilers, font des formes plus graves de la maladie, y compris à l’âge adulte. Il n’a pas été montré de lien entre la sévérité et l’issue de la maladie d’une part, et la souche de parvovirus en cause d’autre part.

Caius, un an, hospitalisé et sous perfusion depuis une semaine dans le lazaret de la clinique vétérinaire de Calvisson. L’état général s’est amélioré avec les soins intensifs, et le chien a recommencé à s’alimenter, mais des vomissements et des jets de diarrhée hémorragique persistent, et se produiront encore pendant plusieurs jours. (On remarquera sur toutes les photos qu’il s’agit effectivement de véritables jets de diarrhée, qui tapissent littéralement les murs des box). Photo prise juste après la diarrhée… et juste avant le nettoyage !

Le diagnostic

La suspicion de parvovirose est déjà forte lorsque l’on voit arriver un jeune chien, de préférence non vacciné, très abattu, vomissant tripes et boyaux, et qui nous fait dans un coin de la salle de consultation une diarrhée qui n’est plus qu’un mélange d’eau et de sang – avec parfois quelques débris de muqueuse au milieu.

La suspicion sera alors renforcée (ou définitivement confirmée), par un certain nombre d’examens complémentaires, la plupart réalisés sur place dans les cliniques vétérinaires de Villevieille ou de Calvisson. En allant du moins spécifique au plus spécifique :

Pour commencer, on va mentionner l’échographie abdominale : là, pour le coup, rien de spécifique ! L’échographie aura quand même l’intérêt de confirmer qu’il s’agit bien d’un problème de type gastro-entérite, et d’exclure un certain nombre d’autres causes, comme une occlusion intestinale (pour les vomissements). Mais il est certain qu’on ne verra pas cheminer les petits virus avec notre échographe ! Donc, on regarde nos photos d’écho ci-dessous, et on passe aux tests diagnostiques plus sérieux que sont le frottis sanguin, les tests rapides, et la PCR.

Ce jeune Cane Corso nous a été présenté pour une suspicion de corps étranger intestinal. Aucun corps étranger n’a été trouvé à l’échographie. En revanche, un contenu liquidien tourbillonnait dans un estomac très dilaté, et la totalité de l’intestin était également dilatée par du liquide qui ne progressait pas, mais avançait et reculait alternativement, en permanence. Il s’agissait donc d’une violente gastro-entérite, et non d’un corps étranger. Le chien étant jeune, très abattu et non vacciné, un test pour détecter la parvovirose a été réalisé, et trouvé positif.

Le frottis sanguin

Déjà nettement plus spécifique, on en a un peu parlé plus haut : le frottis sanguin. Son gros intérêt : être réalisé et lu en quelques minutes, au chevet du patient. Si aucun globule blanc ou presque n’est visible sur le frottis sanguin d’un chien, de préférence jeune et non vacciné, présenté avec un fort abattement et une diarrhée hémorragique… on aura quand même une très très forte suspicion, voire une quasi-certitude qu’il s’agit bien d’une parvovirose. En revanche, l’absence de leucopénie ne nous permet pas d’exclure ce diagnostic : en effet, l’effondrement du nombre de globules blancs n’est pas présent à tous les stades de la maladie. Notons que la lecture « qualitative » du frottis sanguin peut être complétée par une numération-formule sanguine (NFS), également réalisée sur place en quelques minutes, et qui nous permettra de chiffrer objectivement le nombre de globules blancs. Mais bon, quand on ne voit aucun globule blanc sur le frottis, la confirmation par une NFS n’est pas absolument nécessaire – sauf éventuellement pour suivre l’évolution.

Un autre intérêt du frottis sanguin est de nous permettre d’exclure, ou au contraire de nous réorienter vers d’autres causes : par exemple, si nous voyons arriver un chien avec des symptômes évocateurs d’une parvovirose (abattement, vomissements), et que le frottis sanguin nous montre non pas une leucopénie, mais… des piroplasmes, le diagnostic, le pronostic et le traitement seront alors tout à fait différents !

Les tests rapides

Un test rapide, comme le SNAP Parvo reposant sur une technologie ELISA, (il en existe d’autres), réalisé sur un échantillon de selles ou un écouvillon rectal (photos ci-dessous), met en évidence en huit minutes la présence du virus dans la diarrhée du chien suspect (le test réagit avec CPV-2a, CPV-2b et la grande majorité des CPV-2c… mais sauf cas exceptionnel, pas avec les virus vaccinaux). Un test positif (photo de droite) confirme avec certitude la présence de parvovirus dans les selles du chien. En revanche, un test négatif n’exclut pas un diagnostic de parvovirose (il suffit que, pour une raison ou pour une autre, il y ait eu peu ou pas de parvovirus dans la diarrhée à ce moment-là).

Photo de gauche : prélèvement de selles par écouvillonnage rectal, chez un chien présenté pour une diarrhée. A droite : l’apparition d’une tache colorée, à droite de la fenêtre de lecture, indique que le test Parvo est positif. La tache plus colorée, en haut, est un contrôle positif qui montre que le test a bien fonctionné.

La PCR

Si un doute persiste après ces différents tests, ou qu’il est important d’obtenir un diagnostic absolument définitif, (par exemple lorsqu’un cas survient dans un élevage ou toute autre collectivité, ou pour des raisons légales dont nous parlerons plus loin), le matériel génétique du virus pourra être recherché dans le sang, les selles, voire le pharynx, par PCRq (polymerase chain reaction quantitative). Cette analyse est réalisée dans un laboratoire extérieur, et demande donc un délai de quelques jours. En revanche, l’identification de la souche de parvovirus en cause ne présente aucun intérêt clinique, (autre que pour la recherche), puisque nous avons vu qu’elle ne conditionne pas la gravité et l’issue de la maladie, ni son traitement.

Et pour compléter…

Un dernier mot sur le diagnostic avec la recherche des parasites intestinaux (nous utilisons une technique de concentration par flottaison), pour mettre en évidence d’éventuels œufs de strongles, des coccidies, des Giardia… (ces dernières pouvant également être recherchées par un test rapide). Comme l’échographie, cette analyse ne nous servira à rien pour diagnostiquer une parvovirose, mais ça ne fait rien, il existe plusieurs raisons de la faire quand même :
– Dans nos deux cliniques, cette analyse, simple et réalisée sur place en quelques minutes, est quasiment systématique pour tout chien présentant des symptômes digestifs.
– Comme le frottis sanguin, elle peut nous réorienter vers un autre diagnostic : par exemple, si le test Parvo (voire la PCR) sont négatifs, mais que les selles contiennent une très forte quantité d’œufs de trichures, une suspicion initiale de parvovirose débouchera peut-être sur un diagnostic de trichurose massive.

– Enfin, il n’est pas interdit d’avoir une parvovirose… et autre chose. En l’occurrence, un parasitisme intestinal massif pourra constituer un facteur favorisant et/ou aggravant de la parvovirose : en effet, cette dernière s’installera plus facilement, et aura des conséquences plus graves, sur un intestin déjà abîmé par des ankylostomes ou des trichures (entre autres), que sur un tube digestif sain.

 

Photo de gauche : cinq œufs d’Ankylostomes, dans l’analyse de selles d’un chien présenté pour diarrhée aiguë, et qui avait en fait une intussusception intestinale, probablement due à ce parasitisme massif. A droite : ici, même pas besoin de faire une analyse de selles pour savoir que cet autre chien était pourri d’ascaris : cette pelote de vers a été expulsée avec une diarrhée. Bon, tout ça, me direz-vous, ce n’est pas du diagnostic de parvovirose ! Non, mais un petit parvovirus qui se retrouve dans un intestin ainsi habité, chez un chien forcément diminué, ne s’y installera que plus facilement !

Le traitement

Traitement de soutien, traitement des symptômes

On l’a vu, les chiens atteints de gastro-entérite hémorragique due à un parvovirus sont très déshydratés, du fait des diarrhées et des vomissements répétés, et souvent en hypoglycémie et hypokaliémie. Réhydratation et rééquilibrage seront donc au centre du traitement, avec pose rapide d’un cathéter intra-veineux, et mise en place de perfusions de fluides, de glucose, et de potassium (photos ci-dessous). Les laboratoires des cliniques vétérinaires de Villevieille et de Calvisson permettent de doser glucose, sodium, potassium et chlore à tout moment, et en quelques minutes, afin d’ajuster au mieux les protocoles de perfusion. Dans les cas où les taux de globules rouges et d’albumine seraient effondrés, une transfusion de sang frais pourra être envisagée.

Deux jeunes chiens de la même famille, atteints de parvovirose, dans le lazaret de la clinique vétérinaire de Villevieille – et qui ont l’air de se demander ce qu’ils font là ! Après plusieurs jours sous perfusion, les vomissements et les diarrhées hémorragiques ont cessé, et les deux chiens recommencent à s’alimenter. Le retour à la maison est pour le lendemain !

Des anti-vomitifs seront bien sûr utilisés. Nous disposons d’anti-vomitifs très efficaces, par exemple le maropitant, qui peut être administré par voie intra-veineuse, et permet de réalimenter le chien dès que les vomissements se sont arrêtés, accélérant ainsi la réparation des muqueuses digestives. Des anti-acides sont classiquement associés aux anti-vomitifs, de même que tous les autres traitements symptômatiques qui apparaissent nécessaires (pansements intestinaux, etc).

La chute des globules blancs qui diminue l’immunité, associée aux lésions de la barrière intestinale, permet la dissémination de bactéries intestinales dans l’organisme, cette septicémie venant s’ajouter aux effets du virus. Un traitement antibiotique est donc indispensable.

On l’a vu, la parvovirose est extrêmement contagieuse, et les parvovirus particulièrement résistants : d’importantes précautions seront donc évidemment prises pour ne pas contaminer les autres patients, lorsqu’un chien atteint de parvovirose, voire simplement suspect, se retrouve hospitalisé et placé sous perfusion dans l’une de nos cliniques. Nos deux structures disposent de lazarets, qui sont des chenils réservés aux animaux contagieux, disposant de leur propre cour de détente.

Toutes les manipulations à l’intérieur du lazaret se font avec des gants à usage unique jetés à la fin du soin, et une blouse qui ne sortira pas du lazaret. Un pédiluve rempli d’eau de javel est placé devant la porte, afin de ne pas transporter de parvovirus hors du lazaret, sous la semelle des chaussures (photo ci-dessus : aspect du lazaret, avec son pédiluve, pendant l’hospitalisation des deux chiens présentés plus haut). Le matériel (thermomètre, gamelles…), ne sort évidemment jamais du local pour animaux contagieux.

Traitement du virus

L’interféron oméga a une action sur le parvovirus canin. Il peut diminuer la mortalité et accélérer la récupération, même si ça ne marche pas à tous les coups ! Dans une étude de terrain, sur des chiens atteints de parvovirose dans les conditions naturelles, (parce que nous nous abstiendrons de dire ce que nous pensons des études expérimentales, où des chiots se voient inoculer la parvovirose), la mortalité a été de 28,6 % (14 chiens sur 49) chez les chiens ne recevant pas d’interféron oméga, contre 7 % (3 sur 43) chez ceux qui en recevaient. Notons qu’en dehors de l’interféron, tous les chiens de l’étude avaient reçu le traitement classique de l’époque : perfusions, anti-vomitifs, antibiotiques, etc. Le principal (le seul ?) inconvénient de ce traitement est finalement son coût, très élevé. Acceptable chez un chiot de 3 kg, il devient problématique chez un chien de race géante, de 40 ou 60 kg !

La prévention

La vaccination

Le vaccin utilise un parvovirus vivant atténué, qui confère une protection croisée contre les souches CPV-2, CPV-2a et CPV-2b. Des inquiétudes concernant la protection contre la souche CPV-2c ont été levées par des études récentes.

Il existe une particularité concernant la vaccination contre la parvovirose canine : les anticorps maternels, qui constituent des défenses contre la maladie, sont transmis au chiot avant même la naissance à travers le placenta (10 % des anticorps), puis après la naissance, par l’intermédiaire du colostrum, ou « premier lait » (90 % des anticorps).

Or, il se trouve que ces anticorps, s’ils protègent le chiot nouveau-né des parvovirus qui traînent et pourraient le rendre malade… le protègent aussi des parvovirus contenus dans le vaccin ! Donc, le vaccin ne « prend pas ». Et là où la vie est mal faite, c’est que les anticorps maternels protègent le chiot jusqu’à l’âge de 6-8 semaines… mais inhibent la prise vaccinale jusqu’à 12, voire 16 semaines d’âge. Il existe donc un « trou » entre 6-8 et 12-16 semaines, pendant lequel le chiot n’est protégé ni par les anticorps de la mère, ni par le vaccin. D’autre part, un chiot vacciné trop jeune (avant l’âge de douze semaines), ne sera pas efficacement protégé, jusqu’à ce qu’il reçoive son premier rappel… un an plus tard. Cela explique la plupart des rares échecs observés avec la vaccination contre la parvovirose. Une conséquence est que quand on vaccine un chiot, le dernier vaccin « parvo » de la série devrait être administré au minimum après l’âge de trois mois, et même plutôt de quatre mois.

Je vais avoir mon vaccin ! (Et ma puce électronique en plus !)

Les recommandations actuelles en matière de vaccination sont donc : une injection tous les mois jusqu’à l’âge de 16 semaines (le nombre d’injections n’est pas défini, tout dépend à quel âge on commence, le tout étant d’aller jusqu’à 16 semaines inclus) ; puis un premier « rappel » (on appelle ça un booster) entre 6 mois et 1 an, mais il vaut quand même mieux ne pas attendre un an, et ensuite tous les deux ou trois ans.

Notons que les chiens qui réchappent d’une parvovirose sont naturellement protégés contre une nouvelle infection pendant au moins seize mois, et pour certains, pour toute leur vie.

Mesures hygiéniques et désinfection

On l’a vu, le parvovirus est très résistant dans le milieu extérieur : jusqu’à six mois à température ambiante, cinq mois en cas d’exposition au soleil et de sécheresse. Il résiste également à un certain nombre de désinfectants classiques : alcool, acides, éther, ammoniums quaternaires… Il est, en revanche, inactivé par le formol, la soude caustique et l’eau de javel diluée au 1/30ème. Le protocole suivant peut être recommandé :

– Commencer par un nettoyage et un rinçage des objets et de l’environnement.

– Diluer un berlingot de 250 ml d’eau de javel à 9,6 % de chlore actif dans un bidon de 5 à 10 litres, avec une eau froide ou tiède. À utiliser rapidement après préparation.

– Le temps de contact avant rinçage doit être d’au moins dix minutes (si possible davantage : une heure selon certaines sources !).

Faut-il se méfier des chiens guéris ?

Votre chien a attrapé la parvovirose, et il a eu la chance de s’en tirer. Maintenant, il va rentrer à la maison, et retrouver vos deux autres chiens, la chienne de votre voisine, le chiot de votre belle-sœur… A priori, pas de danger, (faites tout de même vacciner le chiot de la belle-sœur !), puisqu’on considère classiquement qu’un chien atteint de parvovirose n’est contagieux que pendant quatre ou cinq jours après le début de sa maladie. Sauf que… les méthodes de diagnostic s’affinant, on retrouve aujourd’hui par PCR du matériel génétique de parvovirus dans les selles de chiens guéris depuis de nombreuses semaines. Mais du travail de recherche sera encore nécessaire avant de savoir si ce matériel génétique est celui d’un parvovirus contagieux, ou s’il ne s’agit que de débris d’ADN sans importance clinique.

Même si un doute persiste, on peut donc considérer que le risque de transmission de la parvovirose à partir d’un chien guéri est très faible, et la prévention passera donc avant tout par la désinfection de l’environnement que votre chien aura souillé de ses diarrhées, avant de partir chez le vétérinaire (voir le paragraphe précédent).

L’aspect législatif

La parvovirose est une maladie visée par la loi du 22 juin 1989 (articles 285-1 et suivants), en tant que vice rédhibitoire. Jusqu’à un passé récent, cette notion de vice rédhibitoire était importante, dans le cas où un chiot récemment acheté déclarait une parvovirose, avec un délai de garantie de cinq jours à partir de la livraison de l’animal, et de trente jours, toujours à partir de la livraison de l’animal, pour introduire l’action auprès des tribunaux d’instance.

Cette notion de vice rédhibitoire, tout comme la notion de vice caché antérieur à la vente, est – normalement – rendue caduque par la loi Hamon du 17 mars 2014, modifiant le Code de la consommation, et qui porte à deux ans à partir de la délivrance d’un bien, le délai pour agir en garantie de conformité. (Rappelons qu’au regard de la loi, l’animal se voit certes reconnaître une sensibilité (c’est un être vivant et sensible), mais se voit appliquer le régime juridique des biens meubles). Cette nouvelle disposition impose donc au vendeur, (s’il est professionnel), de garantir le bien à l’acheteur (s’il s’agit d’un particulier) pendant deux ans, à charge pour le vendeur de prouver que le défaut n’était pas antérieur à la vente.