MON CHIEN FAIT LE COCHON !
Un éternuement inversé
Le reverse sneezing (RS) se présente comme une crise impressionnante, pendant laquelle le chien allonge soudainement le cou, et se met à inspirer par le nez de façon forte et répétée, bouche fermée, (ce qui fait que son thorax se creuse), tout en émettant un ronflement rappelant le grognement du cochon.
L’origine du RS est une irritation du nez et du pharynx, qui provoque un réflexe comparable à celui de la toux ou d’un éternuement, associant une violente inspiration à un collapsus du nasopharynx. Du coup, au lieu d’éternuer vers l’extérieur, en postillonnant sur la personne en face de lui, (ou dans son coude s’il est bien élevé), le chien éternue vers l’intérieur et expulse ses sécrétions en direction de la gorge.
Dans l’immense majorité des cas, le RS n’est pas quelque chose de grave : les crises ne durent que quelques secondes (maximum une ou deux minutes), elles sont très espacées dans le temps, et le chien est tout à fait normal entre deux crises (absence de toux, d’éternuements, de fatigue, d’essoufflement…)
Pourquoi, dans ce cas, se préoccuper de cette « affection », et lui consacrer une page sur ce site ? Essentiellement pour aider à reconnaître le RS grâce à la vidéo ci-dessous. (C’est mon chien !!!). Les crises sont très angoissantes pour l’animal (qui prend d’ailleurs une expression… angoissée), et pour ses propriétaires, impuissants devant leur chien qui « s’étouffe ». La description de la crise, si elle est approximative, peut conduire à explorer de fausses pistes : problème pulmonaire, cardiaque… Une fois que l’on a reconnu le RS, l’idéal étant que les propriétaires du chien aient pu en faire une vidéo, on sait de quoi il s’agit, et le plus dur est fait !
NB : pour on ne sait quelle raison, la vidéo ci-dessous ne s’affiche pas normalement, comme quoi on l’aurait « désactivée sur d’autres sites web » (??). Bon, il faut cliquer sur « Regarder sur YouTube », et revenir sur notre site après, si vous voulez connaître la suite.
L’origine du reverse sneezing
On lit parfois que le RS survient de préférence quand le chien s’excite, mange, boit, renifle… Tous les cas de figure sont possibles, mais quand nous avons assisté à ce genre de crise, le chien était le plus souvent au repos, tranquille dans son coin et pouf ! il se mettait soudain à éternuer à l’envers, sans qu’on sache pourquoi ni comment. On incrimine aussi des causes extérieures et ponctuelles (poussière, fumée, courants d’air, brusque changement de température…), ou des causes internes plus « sérieuses » : une inflammation chronique du nez ou du pharynx (nasopharyngite chronique lymphoplasmocytaire le plus souvent), ou beaucoup plus rarement, un petit acarien parasite des cavités nasales (Pneumonyssoides caninum), voire un polype ou une tumeur.
Le diagnostic passe par un examen du pharynx et des cavités nasales du chien (y compris des choanes), grâce à un endoscope, examen éventuellement complété par des biopsies… mais est-ce bien nécessaire ? Certainement pas si le chien fait une crise de RS tous les trois mois. Evidemment, si les crises sont fréquentes (une ou plusieurs par semaine), a fortiori si elles s’accompagnent d’autres symptômes, l’exploration devient justifiée.
Le traitement du reverse sneezing
Quand la crise se produit, il est généralement conseillé de boucher les narines du chien, et de masser ou gratter sa gorge pour provoquer une déglutition : cela décollerait le nasopharynx collabé, et stopperait la crise. L’efficacité de la technique n’est pas toujours évidente ! De toute façon, la crise s’arrêtera toute seule, en une ou deux minutes maximum.
Sinon, en dehors de ces mesures « d’urgence », un traitement est-il nécessaire ?
Comme pour l’exploration, la réponse est non, si les crises sont très occasionnelles.
Si elles sont fréquentes, en revanche, le traitement est justifié. Les corticoïdes stoppent efficacement les nasopharyngites lymphoplasmocytaires. En cas d’échec de ce premier traitement ou de récidive rapide, une exploration plus complète (par endoscopie notamment) sera nécessaire, et le traitement sera fonction du diagnostic obtenu.
Notons que le RS existe aussi chez le chat : il est beaucoup plus rare que chez le chien, mais les crises sont généralement plus violentes, et toujours associées à une origine sérieuse.