Un jeune chaton atteint de panleucopénie infectieuse féline (typhus), pendant l’épidémie de juin 2018, dans le Gard. Celui-ci s’en est sorti, mais ça n’a malheureusement pas été le cas de tous.

On pourrait être tenté de considérer le typhus du chat comme une maladie du passé : il n’en est rien. Certes, nous n’avons plus vu, ces dernières années, d’épidémies géantes affectant des centaines de chats, mais des petites épidémies, notamment dans des collectivités de chats, ou dans un espace géographique restreint (un, ou plusieurs villages proches). Autour de nos localités de Villevieille et de Calvisson, par exemple, nous avons eu à subir de telles épidémies en 2012 et 2018. Et puis nous sommes bien sûr confrontés régulièrement à des cas sporadiques, avec à chaque fois la crainte de voir une épidémie démarrer à partir de là.

Avant de commencer, signalons un très joli et touchant court-métrage sur le sujet, auquel vous pourrez accéder en suivant ce lien : https://vimeo.com/68987469

Un virus très contagieux
Le typhus du chat (ou panleucopénie infectieuse féline), est dû à un virus très contagieux (le FPV), proche du parvovirus du chien, et extrêmement résistant dans le milieu extérieur.
On sait depuis les années 2010 que le FPV peut infecter le chien, et que le parvovirus canin peut infecter le chat, chacun pouvant provoquer une maladie dans l’autre espèce.
Un virus très contagieux
Le typhus du chat (ou panleucopénie infectieuse féline), est dû à un virus très contagieux (le FPV), proche du parvovirus du chien, et extrêmement résistant dans le milieu extérieur.
On sait depuis les années 2010 que le FPV peut infecter le chien, et que le parvovirus canin peut infecter le chat, chacun pouvant provoquer une maladie dans l’autre espèce.
Une maladie très souvent mortelle
Le virus s’attaque particulièrement aux cellules en division de la moelle osseuse (d’où un déficit immunitaire), et de la paroi du tube digestif (d’où des diarrhées hémorragiques).
La maladie est généralement mortelle, surtout chez les jeunes.
Une maladie très souvent mortelle
Le virus s’attaque particulièrement aux cellules en division de la moelle osseuse (d’où un déficit immunitaire), et de la paroi du tube digestif (d’où des diarrhées hémorragiques).
La maladie est généralement mortelle, surtout chez les jeunes.
Vacciner, vacciner, vacciner !
L’interféron omega, associé à un traitement symptomatique, permet de guérir certains chats – malheureusement pas tous.
Le vaccin est très efficace : c’est la meilleure (la seule ?) protection.
Attention aux infections croisées chats/chiens.
Vacciner, vacciner, vacciner !
L’interféron omega, associé à un traitement symptomatique, permet de guérir certains chats – malheureusement pas tous.
Le vaccin est très efficace : c’est la meilleure (la seule ?) protection.
Attention aux infections croisées chats/chiens.

Le virus 

Le typhus du chat (du grec tuphos qui signifie stupeur), ou panleucopénie infectieuse féline, est dû à un parvovirus (FPV) proche de celui qui provoque de sévères gastro-entérites hémorragiques chez le chien (CPV). On sait d’ailleurs aujourd’hui que les parvovirus du chien peuvent infecter le chat, et réciproquement. Une étude chinoise de 2022 a montré qu’un quart des parvovirus trouvés dans une population de chiens étaient en fait des parvovirus félins (ou très proches de ceux-ci), et pouvaient déclencher des symptômes chez le chien. Dans une autre étude de 2012 réalisée dans des refuges hébergeant des chiens et des chats, plus de 30% des chats étaient porteurs du parvovirus canin ; sans présenter de symptômes dans cette étude, mais il n’en va pas toujours ainsi : une publication portant sur des chats allemands et américains atteints de panleucopénie infectieuse, a montré que 10 % des chats malades étaient infectés par un parvovirus canin plutôt que félin.

Le FPV est un virus nu (sans enveloppe), extrêmement résistant dans le milieu extérieur, puisqu’il peut y survivre pendant plus d’un an, et être transporté sur de longues distances sur les vêtements, sous les chaussures, etc. Le parvovirus se multiplie particulièrement dans les cellules en division, qu’il détruit (moelle osseuse, par exemple).

Comment ça se transmet ?

Pendant la  phase aiguë de la maladie, le virus est présent en très grande quantité dans toutes les excrétions et sécrétions du chat malade, et cette excrétion se poursuit par les selles pendant six semaines (et parfois plusieurs mois) après guérison – pour ceux qui ont la chance de s’en sortir. Comme on l’a vu précédemment, le virus est très résistant dans le milieu extérieur, et peut être transporté, par exemple, sur un vêtement ou sous la semelle des chaussures : nous en avons eu des exemples récents, (juin 2018), avec des cas de typhus chez des chats vivant exclusivement à l’intérieur ! Les chats sains se contaminent en reniflant ou en avalant des matières contenant le virus. Ceux qui survivent à l’infection deviennent généralement résistants à la maladie. Les chatons, les chats affaiblis par une autre maladie ou par de mauvaises conditions de vie, et ceux vivant en groupes denses, sont particulièrement exposés : l’arrivée du virus du typhus dans une collectivité, notamment un refuge ou une société de protection animale, sera donc souvent catastrophique.

Quels symptômes chez le chat ?

Le parvovirus infecte les cellules en division, et les détruit. Cela concerne particulièrement les cellules de la moelle osseuse, d’où un effondrement du nombre de globules blancs (ce qui favorise les infections secondaires), et les cellules de la paroi intestinale, ce qui explique les diarrhées hémorragiques. Chez le très jeune animal, le cerveau et la rétine sont également atteints, provoquant des signes neurologiques (tremblements, incoordination), et de la cécité. Les fœtus en développement chez une chatte infectée étant constitués de cellules en division, il en résulte des avortements, mortinatalités, et des anomalies du développement chez les chatons survivants.

Photo de gauche : frottis sanguin d’un chat atteint de typhus : on voit des globules rouges et des plaquettes, mais même sur la portion de frottis assez étendue que procure un grossissement moyen (x 400), aucun globule blanc en vue. Photo de droite : à titre de comparaison, frottis sanguin normal avec, sur une plus petite surface, d’assez nombreux globules blancs (colorés en bleu) (grossissement x 1000).

Après une incubation de deux à sept jours, les chats atteints présentent une forte fièvre (40-41°C), de l’abattement et une baisse d’appétit. (Photo de haut de page). Des vomissements, de la diarrhée, une déshydratation marquée, se développent ensuite rapidement. La mort est l’issue la plus fréquente : plus de 90 % des cas chez les chatons et les jeunes adultes non vaccinés.

Photo de gauche : jeune chat atteint de typhus : prostration intense, déshydratation… le petit chat décèdera malheureusement, malgré le traitement (perfusions, anti-vomitifs, couverture antibiotique pour l’effondrement des globules blancs, patch de morphinique…)

À côté de cette évolution aiguë classique, que l’on rencontre surtout chez les chats de moins d’un an – mais parfois aussi chez des chats adultes ! – on observe aussi des formes suraiguës (mort en quelques heures, surtout chez le chaton), ou au contraire des formes sub-cliniques, débouchant sur une protection naturelle si l’animal survit.

Le diagnostic

On soupçonne un typhus devant un chat souvent jeune, non vacciné, présentant une fièvre, un abattement très marqué, et une diarrhée sévère. Chez un animal présentant de tels signes d’infection aiguë, on s’attendrait à trouver un taux de globules blancs très élevé sur une numération-formule sanguine (NFS), ou à observer de très nombreux globules blancs sur un frottis sanguin, or c’est généralement le contraire qui se produit : on ne voit presqu’aucun globule blanc sur le frottis sanguin, et le taux de globules blancs à la NFS est généralement inférieur à 2-3000 GB/µl.

Arrivé à ce stade, il existe une forte suspicion de typhus qu’il faudra confirmer… ou infirmer. Deux moyens principaux : La PCR (polymerase chain reaction), qui met en évidence et quantifie le matériel génétique du parvovirus dans un échantillon de selles. Ou des tests rapides (technique ELISA), réalisés eux aussi sur des selles, et qui ont l’avantage de donner un résultat en quelques minutes, « au chevet du patient ». Ces tests ont été conçus pour le parvovirus canin, mais une étude récente a montré une concordance des résultats dans 96 % des cas, entre tests rapides et PCR. (Photo ci-contre : un test rapide (snap) utilisé pour détecter le parvovirus canin, nettement positif chez un chat atteint de panleucopénie infectieuse).

Est-ce que ça se traite ?

L’interféron oméga félin (VIRBAGEN) est indiqué pour traiter le typhus, mais tous les chats ne guérissent pas, et il s’agit d’un traitement assez onéreux – a fortiori lorsque plusieurs chats de la même maison sont atteints.

Un exemple de bonne réponse au traitement par l’interféron oméga félin, avec Simba : arrivé très abattu, en forte hypothermie (35,5°C), et avec des diarrhées sanguinolentes. L’état général du chat s’est nettement amélioré 24 heures après le début du traitement (VIRBAGEN et traitement de soutien : perfusions, antidiarrhéiques, etc). Sur cette photo prise trois jours après le début de l’hospitalisation, Simba est complètement guéri. Malheureusement, le traitement ne marche pas toujours aussi bien !

Le reste du traitement consiste à soutenir l’état général par des perfusions, et à combattre les symptômes (anti-vomitifs, anti-acides pour l’estomac…). Aussi longtemps que les globules blancs sont effondrés, des antibiotiques sont utilisés pour lutter contre les surinfections.

Et en prévention ?

Le vaccin contre le typhus est inclus dans tous les protocoles vaccinaux du chaton (Voir notre article consacré aux vaccins chez le Chat). La vaccination est très efficace. Comme nous l’avons vu plus haut, même les chats ne sortant pas doivent être vaccinés !

Il est bien évident que dans une maison avec plusieurs chats ou tout autre type de collectivité, s’il y en a un qui attrape le typhus, on a  intérêt à vacciner très vite les autres s’ils ne le sont pas déjà, à isoler le malade et à mettre en place des mesures de désinfection ! (Voir ci-dessous).

Attention, attention, attention ! On en a parlé au tout début de cet article et on n’y fait sans doute pas assez attention, mais le virus de la panleucopénie du chat se transmet au chien, de même que le parvovirus du chien se transmet au chat, chacun des deux pouvant provoquer des symptômes dans l’autre espèce. Donc si vous avez un chat qui déclare un typhus et un jeune chiot qui vit avec, ou même un chien adulte non vacciné, même discours que dans le paragraphe précédent. Et même chose si on a un chien qui déclenche une parvovirose et qu’on a des chatons ou des chats adultes non vaccinés à proximité.

Comme nous l’avons vu précédemment, le virus est très résistant dans le milieu extérieur, et sa transmission sera donc essentiellement indirecte, par le sol, les gamelles, les jouets, les vêtements ou les chaussures. Si un cas de typhus est diagnostiqué dans une maison ou, encore plus dramatique, dans une collectivité de chats, la désinfection du matériel et des locaux sera essentielle pour éviter la contamination de tous les autres chats… y compris de ceux qui pourraient venir habiter la maison plus d’un an après !

L’eau de javel est très efficace pour l’élimination du parvovirus, à condition de l’utiliser de la façon suivante :

– Commencer par un nettoyage et un rinçage des objets et de l’environnement.

– Diluer un berlingot de 250 ml à 9,6 % de chlore actif dans un bidon de 5 à 10 litres, avec une eau froide ou tiède. À utiliser rapidement après préparation.

– Le temps de contact avant rinçage doit être d’au moins dix minutes (si possible davantage).

Et qu’en dit la loi ?

le typhus est sur la liste des maladies visées par la loi du 22 juin 1989 (articles 285-1 et suivants), sous le nom de leucopénie infectieuse féline, en tant que vice rédhibitoireCela signifie que si un vétérinaire constate chez un chaton récemment vendu, des signes faisant suspecter un typhus dans les cinq jours suivant la livraison du chaton (délai de suspicion), que le diagnostic est confirmé et qu’une action auprès des tribunaux d’instance est introduite dans les trente jours suivant la livraison du chaton (délai de rédhibition), la vente sera annulée.

Cependant, comme pour la parvovirose du chien, cette notion de vice rédhibitoire, ainsi que la notion de vice caché antérieur à la vente, sont – normalement – rendues caduques par la loi Hamon du 17 mars 2014, modifiant le Code de la consommation, et qui porte à deux ans à partir de la délivrance d’un bien, le délai pour agir en garantie de conformité. (Rappelons qu’au regard de la loi, l’animal se voit certes reconnaître une sensibilité (c’est un être vivant et sensible), mais se voit appliquer le régime juridique des biens meubles). Cette nouvelle disposition impose donc au vendeur, (s’il est professionnel), de garantir le bien à l’acheteur (s’il s’agit d’un particulier) pendant deux ans, à charge pour le vendeur de prouver que le défaut n’était pas antérieur à la vente.