Un rôle dans la communication
Les sacs anaux (appellation plus correcte que « glande anale »), sont deux petites poches situées de part et d’autre de l’anus, qui sécrètent différentes substances, notamment des phéromones utiles à la communication entre chiens. C’est la raison pour laquelle les chiens qui font connaissance commencent par se renifler les fesses.
Un rôle dans la communication

Les sacs anaux (appellation plus correcte que « glande anale »), sont deux petites poches situées de part et d’autre de l’anus, qui sécrètent différentes substances, notamment des phéromones utiles à la communication entre chiens. C’est la raison pour laquelle les chiens qui font connaissance commencent par se renifler les fesses.

Une odeur nauséabonde
Lorsqu’un chien est paniqué, il vide brutalement ses sacs anaux, dont le contenu peut être  projeté à plus d’un mètre de distance, dégageant une odeur très nauséabonde.
Il est inutile, voire nocif, de vider régulièrement les sacs anaux d’un chien qui n’a aucun problème de ce côté-là.
Une odeur nauséabonde
Lorsqu’un chien est paniqué, il vide brutalement ses sacs anaux, dont le contenu peut être  projeté à plus d’un mètre de distance, dégageant une odeur très nauséabonde.
Il est inutile, voire nocif, de vider régulièrement les sacs anaux d’un chien qui n’a aucun problème de ce côté-là.
De l’engorgement jusqu’aux tumeurs
Les principales affections touchant les sacs anaux sont l’impaction, (le sac  n’arrive plus à se vider), les inflammations (sacculites) et infections (abcès), et les tumeurs (adénocarcinomes le plus souvent), qui envahissent fréquemment les ganglions lombo-aortiques, à l’arrière de l’abdomen, mais peuvent métastaser à des organes plus distants.
De l’engorgement jusqu’aux tumeurs

Les principales affections touchant les sacs anaux sont l’impaction, (le sac  n’arrive plus à se vider), les inflammations (sacculites) et infections (abcès), et les tumeurs (adénocarcinomes le plus souvent), qui envahissent fréquemment les ganglions lombo-aortiques, à l’arrière de l’abdomen, mais peuvent métastaser à des organes plus distants.

Bon, alors évidemment, contempler un chien qui se frotte les fesses par terre est moins valorisant que diagnostiquer une malformation cardiaque avec son échographe, une tumeur cérébrale avec son IRM, ou réparer un os cassé en dix petits morceaux.

On aurait tort, malgré tout, de mépriser les sacs anaux sous prétexte qu’ils ne sont pas très bien placés et qu’ils ne sentent pas bien bons, car si l’on se penche un peu dessus, (pas trop près quand même), on s’apercevra que l’importance de ces petits sacs en médecine canine est loin d’être négligeable. Respirons un grand coup, et allons-y.

Sac anal, ou glande anale ?

Parmi les grands dilemmes de l’existence, on connaissait fromage ou dessert, la cigale ou la fourmi, la bourse ou la vie, (c’est du Desproges), on a maintenant sac anal ou glande anale. Dans le langage courant, on parle généralement de glande anale, mais l’appellation correcte est sac anal (puisqu’il s’agit d’un petit sac). Les anglo-saxons ne font pas mieux que nous, avec un « anal gland » dans les articles grand public, et « anal sac » dans les publications scientifiques. Parler de glande anale n’est cependant pas totalement infondé, puisque ces petits sacs sont tapissés de très nombreuses glandes sécrétant diverses substances, notamment des phéromones auxquelles nous nous intéresserons plus loin. Donc on dira plutôt sac, mais en sachant que ce sac est plein de glandes.

Qu’est-ce que c’est, un sac anal ?

Alors, c’est un petit sac, comme son nom l’indique et comme on l’a vu plus haut, constitué par une invagination de la peau. Il y en a deux, situés chacun d’un côté de l’anus, grosso modo à 4 heures et à 8 heures. (On peut facilement les palper en passant les doigts à cet endroit, s’ils sont un tant soit peu engorgés). Leur diamètre va de 0,5 à 4 cm selon les chiens, et ils sont enfouis entre les muscles sphincters anaux interne et externe, (les muscles qui font le tour de l’anus, et empêchent les crottes de sortir toutes seules). Ils sont reliés au monde extérieur par un petit canal excréteur long de 5 mm environ, qui débouche au bord de l’anus, à la jonction entre la peau et la muqueuse (photos ci-dessous).

Photo de gauche : Aspect et localisation des sacs anaux, (ici représentés par transparence, sous la peau), à 4 heures et 8 heures par rapport à l’anus (document Mérial). Photo de droite : abcès du sac anal droit chez Guapa, épagneule breton de sept ans : la photo est à comparer avec le schéma de gauche. Le sac anal droit est percé (flèche bleue), et bien visible, car gonflé du fait de l’abcès. Les points d’entrée des deux sacs anaux (flèches noires), sont également bien visibles, de chaque côté de l’anus.

La paroi du sac est tapissée de glandes qui produisent diverses sécrétions, et entourée de fibres musculaires lisses. Du coup, quand le chien contracte ces muscles lisses pour différentes raisons que nous verrons plus loin, pouf ! Le contenu de la glande est expulsé, et alors là, bonjour l’odeur. Ce contenu sort aussi en quantités plus homéopathiques lors de la défécation, les selles comprimant au passage les sacs anaux et provoquant la sortie d’une petite partie de leur contenu.

Mais que peut-il bien y avoir dedans ?

Dedans, il y a des secrétions de toutes sortes, de liquides à épaisses et pâteuses, de jaune crémeux à rouge marron, en passant par le brun, le grisâtre et l’orangé. La composition chimique de ces sécrétions, (acides en C2-C5, acétone, triméthylamine, putrescine, cadavérine – rien que les noms font rêver), varie d’un chien à l’autre, et d’un jour à l’autre. (Par exemple chez les chiennes, en fonction de leur cycle). En revanche, rassurez-vous, l’odeur (telle que nous la percevons nous), est toujours la même, quoiqu’encore plus marquée semble-t-il chez les chiens atopiques, ou ceux dont la peau est infectée par la levure Malassezia.

Une pensée pour nos amis poètes, mais il faut bien savoir de quoi on parle. A gauche, un contenu pâteux mais néanmoins assez fluide, qui nous donne une autre occasion de bien visualiser la position du point d’entrée du sac anal. A droite, illustration de la variété des sécrétions : les images parlent d’elles-mêmes… 

Croyez-le ou non, mais la polémique fait rage entre ceux qui pensent que le contenu est le même dans les deux sacs anaux d’un même chien, et ceux qui soutiennent que dans plus de la moitié des cas, les sécrétions seront différentes d’un sac anal à l’autre.

Un certain nombre de bactéries jouent un rôle important à l’intérieur du sac anal, métabolisant les sécrétions d’origine pour fabriquer les produits cités plus haut. Il semble que l’étude des cellules et des bactéries présentes à l’intérieur des sacs anaux, ne permette pas de distinguer un sac anal sain d’un sac anal anormal.

A quoi ça sert, un sac anal ?

La principale « utilité » des sacs anaux, est de fabriquer des phéromones qui interviennent dans la communication entre chiens. Notons au passage que les phéromones des « sacs anaux », (là, on pourrait presque parler de glandes anales, vu leur activité de sécrétion), sont en fait un joyeux mélange de phéromones produites effectivement par les sacs anaux eux-mêmes, mais aussi par diverses glandes sébacées et sudoripares présentes autour de l’anus.

Ces sécrétions, avec toutes leurs phéromones, peuvent être émises de façon passive, (au passage de la crotte dans le rectum, la pression exercée sur les sacs anaux faisant sortir un peu de leur contenu), ou active, (le contenu des sacs anaux étant brutalement projeté à l’extérieur – entre 50 cm et 1,20 mètre, selon les auteurs ! – par exemple sous l’effet d’une grande frayeur – photo ci-dessous).

Ce chien, vivant à peu près exclusivement à l’extérieur, très peu socialisé, a complètement paniqué lorsqu’il s’est retrouvé à l’intérieur de la clinique, avec beaucoup de monde autour de lui, y compris un vétérinaire qui essayait de l’examiner : d’un seul coup, il a commencé à se rouler par terre en hurlant, et a projeté le contenu de ses sacs anaux à un bon mètre de distance (à droite de la photo). En lui parlant et en l’approchant doucement, il a heureusement fini par se calmer, et a pu recevoir les soins dont il avait besoin.

Au fait, qu’est-ce que c’est qu’une phéromone ? me demanderez-vous avec raison. Selon la définition de Karlson et Lüsher (1959), inventeurs du mot phéromone, reprise sur le site Zoopsy, il s’agit d’un produit chimique ou d’un ensemble de produits chimiques, émis à l’extérieur du corps d’un individu qui, lorsqu’il est reçu par un animal de la même espèce, déclenche une ou plusieurs réactions spécifiques. C’est ce qui fait, par exemple, qu’une demoiselle papillon attire un monsieur papillon dans un rayon de plusieurs kilomètres. Notons que les phéromones ne sont pas (que) des odeurs, et que le chien receveur les capte par un organe spécial, différent du système olfactif.

Donc, quand deux chiens se rencontrent et n’ont rien de plus pressé que de se renifler les fesses (photos ci-dessous), on ne le croirait pas comme ça, mais ils sont en train de communiquer. Et qu’est-ce qu’ils se racontent ?

… et à voir le flou sur les photos, on devine que les queues battent avec entrain !

– Ils se disent qui ils sont, (jeune, vieux, mâle, femelle…), et dans quel état ils se trouvent présentement. Ceci est particulièrement vrai chez les femelles : lorsqu’on prélève des sécrétions de sac anal chez des chiennes à différents stades de leur cycle, et qu’on en badigeonne le dos de chiennes en repos sexuel, celles imprégnées des sécrétions d’une chienne en chaleurs vont attirer les mâles, qui essaieront alors de les monter.
– Ils se disent qui est le chef : les phéromones contenues dans les sécrétions des sacs anaux varient avec le statut hiérarchique.
– Ils vérifient leur appartenance au groupe : c’est ainsi qu’un chien avec une infection des sacs anaux qui modifie les signaux chimiques envoyés, peut déclencher bien malgré lui l’hostilité des autres membres du groupe.

– Ils se confient sur leur état émotionnel : comme on l’a vu plus haut, un chien paniqué expulse le contenu de ses sacs anaux à plus d’un mètre. Les chiens qui passeront ensuite dans le coin percevront ces phéromones d’alarme, et feront un détour. Si l’on étale ces sécrétions sur le dos d’un chien, celui-ci sera également évité par ses collègues.

Signalons quand même pour l’anecdote que le contenu des sacs anaux qui sort passivement au passage des crottes, lubrifie un peu le rectum et facilite ainsi l’exonération. Mais bon, ce n’est pas l’essentiel de leur fonction.

Les maladies des sacs anaux

On peut les regrouper en trois catégories. En allant du moins embêtant au plus embêtant : l’impaction, quand le chien n’arrive plus à vider ses sacs anaux et que ça s’accumule à l’intérieur ; les inflammations (sacculites) et infections (abcès) ; et finalement, les tumeurs, en premier lieu l’adénocarcinome du sac anal. On commence par le plus gentil (ou le moins méchant), avec l’impaction.

1 – L’impaction

Alors l’impaction, c’est quand un sac anal est plein à craquer, et n’arrive pas à se vider. Ça peut être dû à un changement de consistance des sécrétions du fait d’un dérèglement des glandes qui tapissent le sac anal ; d’une hypersécrétion de ces glandes, chez les chiens souffrant de certains troubles dermatologiques (séborrhée) ; de diarrhées chroniques  qui peuvent rendre les sécrétions plus pâteuses ; de changements alimentaires (certains régimes riches en fibres) ; d’anneaux de ver solitaire (Dipylidium) qui peuvent aller se fourrer dans un sac anal, et en obstruer le canal ; ou bien sûr, pour ceux qui n’ont pas de chance dans la vie, de tout ça à la fois !

La conséquence, quelle que soit l’origine, c’est qu’on se retrouve avec un sac anal rempli d’un matériel épais et granuleux (on en a vu un bel exemple en photo, un peu plus haut), et/ou avec un canal excréteur bouché. Donc le sac, il gonfle, il gonfle, il commence à démanger, et le chien se met à se frotter les fesses par terre, ce qu’on appelle couramment « faire le traineau ». Attention toutefois,  il y a plein d’autres raisons qui peuvent conduire un chien à se gratter les fesses, à commencer par une bonne infestation par les puces, ou différents types d’allergie : les sacs anaux n’y sont alors pour rien. Et puis des fois, on a aussi les fesses qui grattent sans raison médicale particulière.

L’impaction est quelque chose de relativement fréquent, puisqu’on estime qu’entre 2 et 12 % des chiens en feront une dans leur vie, à commencer par les chiens de petites races, notamment les Caniches toy et miniature, les Chihuahuas, les Teckels, mais aussi les Bergers allemands (liste non exhaustive).

En cas d’impaction, quand on passe les doigts sur les côtés de l’anus, on sent une boule ferme à 4 heures et/ou à 8 heures. On presse alors dessus, soit avec le pouce et l’index de chaque côté de l’anus, chacun appuyant sur l’un des deux sacs anaux, soit avec l’index dans le rectum et le pouce qui presse le sac anal de l’extérieur. Ce dernier procédé est le plus efficace, le sac anal étant alors bien pris entre deux doigts. Le contenu peut être un peu difficile à faire sortir, s’il est vraiment très pâteux, ou si le canal est vraiment bien bouché, ou les deux à la fois. Dans ce cas, il est parfois nécessaire de tranquilliser ou d’anesthésier le chien, afin d’introduire une petite canule dans le canal, et d’irriguer le contenu du sac, ce qui permet à la fois de déboucher le canal et de ramollir les sécrétions (voir plus loin les photos de traitement d’un abcès). Les sacs anaux doivent être complètement vidés, après quoi on les palpe soigneusement, pour s’assurer qu’il ne persiste pas une petite masse qui pourrait s’avérer plus méchante qu’une « simple » impaction. (Voir plus loin, le paragraphe 3).

Bon, le sac anal est maintenant bien vide. Le chien doit arrêter de faire le traineau, sinon, comme indiqué plus haut, ses fesses qui grattent, ça venait d’autre chose.

Précision très importante : il est déconseillé de vider à tout bout de champ un petit sac anal qui n’a rien demandé à personne ! A chaque visite chez le vétérinaire, (docteur, vous en profiterez pour lui vider ses glandes anales ?), chez le toiletteur, (et n’oubliez pas de lui faire les glandes anales comme à chaque fois !), chez le voisin, (vous, vous avez l’habitude, avec tous vos chiens, vous pouvez les lui vider ? ça fait bien une semaine qu’on ne lui a pas fait !) Alors d’abord, Youki, il en marre qu’on lui mette les doigts dans les fesses une fois par semaine, et qu’on les lui pince jusqu’à ce qu’une malheureuse gougoutte finisse par en sortir, et puis ensuite, les manipulations répétées et les multiples petits traumas qui en résultent exposent des sacs anaux, normaux au départ, à développer une inflammation chronique et récidivante.

2 – Sacculites et abcès : inflammation et infection

On pourrait s’en douter : quand une impaction dure trop longtemps, toute cette pâte épaisse qui stagne à l’intérieur du sac se met à fermenter, une inflammation se développe, et la première petite bactérie qui passe par là s’y installe avec volupté, provoquant une infection du sac. L’arrivée des bactéries est d’autant plus facile qu’avec toutes les crottes qui se frottent contre le débouché des deux canaux à chaque fois que le chien défèque, la région n’est pas un exemple de propreté et d’asepsie !

A noter qu’un épillet baladeur, (voir l’article de ce site consacré aux épillets), qui se plante malencontreusement à l’entrée du canal par une belle soirée d’été, quand l’herbe est bien sèche, peut aussi être à l’origine d’un abcès de sac anal.

Ci-contre : abcès de sac anal, dû à la migration d’un épillet, chez Brutus, griffon de quatre ans. On voit ici l’extraction de l’épillet du sac anal gauche, à la clinique vétérinaire de Villevieille.

Bon, donc notre sac anal est enflammé, gonflé et douloureux, et si rien n’est fait, un abcès va généralement se former, qui pourra rester limité au sac anal, ou en entrainer la rupture, l’infection gagnant alors les tissus alentour. Toute la région du périnée se retrouve enflée, et quand l’abcès du sac anal se perce, il s’en écoule un pus sanguinolent très nauséabond, mais ça, on commence à en avoir l’habitude. Tout cela est évidemment très douloureux pour le chien, qui se lèche en continu, a du mal à s’asseoir, refuse qu’on lui touche la région et même qu’on lui soulève la queue,  et peut aller jusqu’à refuser d’aller à la selle.

Le traitement se fait au moins sous sédation, voire sous anesthésie, si l’infection est importante : on nettoie le sac anal ou l’abcès si on en est à ce stade, on cherche et on retire l’épillet si on pense qu’il y en a un, (l’idéal étant de le visualiser par échographie avant l’intervention), et on met bien sûr le chien sous antibiotique jusqu’à guérison complète (photos ci-dessous). En cas d’abcès récidivants, il peut être nécessaire de retirer chirurgicalement l’un des sacs anaux, (ou les deux), en prenant bien garde à ne pas léser le sphincter anal.

Le traitement en trois étapes de l’abcès du sac anal de Guapa, que nous avons déjà pu admirer un peu plus haut, à la clinique vétérinaire de Villevieille. Photo du haut : le sac anal est pressé pour bien en vider tout le contenu : un pus marronnasse sort ici par le point d’entrée du canal du sac anal droit (flèche noire). Le sac anal sera ensuite abondamment rincé avec une solution antiseptique, injectée à travers l’ouverture de l’abcès (flèche blanche). Photo du milieu : une seringue contenant une pommade antibiotique et anti-inflammatoire, et équipée d’une petite canule, est introduite dans le canal du sac anal. Photo du bas : la pommade est injectée, traverse le sac anal, et ressort par le trou de l’abcès. On sait ainsi que le sac anal et son canal, ont été remplis de haut en bas par la pommade antibiotique. Autre intérêt de cette technique, en injectant un produit dans le canal du sac anal et en le voyant ressortir par le trou de l’abcès, on s’assure qu’il s’agit bien d’une infection du sac anal, et non d’un autre tissu proche de l’anus.

Nous ne parlerons pas ici des fistules périanales, qui affectent essentiellement les bergers allemands. Les sacs anaux sont, certes, touchés dans cette affection, comme tous les autres tissus entourant l’anus, mais rien n’indique qu’ils en soient à l’origine.

3 – Les tumeurs

Bon, alors là, c’est évidemment beaucoup plus embêtant que tout ce qu’on a vu jusqu’ici.

Les tumeurs des sacs anaux sont essentiellement des adécarcinomes, mais on rencontre aussi des carcinomes épidermoïdes et beaucoup plus rarement des mélanomes. On pensait autrefois que les chiennes étaient plus souvent affectées que les chiens, mais des publications plus récentes ont montré que les mâles étaient finalement aussi souvent touchés que les femelles. Les chiens sont le plus souvent présentés en consultation parce que leur propriétaire a remarqué une masse à côté de l’anus (photos ci-dessous). La tumeur peut aussi être repérée lors d’une consultation de routine, par exemple lors d’un vaccin. Sinon, des démangeaisons ou un léchage de la région anale, un saignement, des difficultés à aller à la selle, une tendance à pousser tout le temps (= ténesme), voire plus rarement une soif augmentée, peuvent être les symptômes d’une tumeur d’un sac anal.

Quand une masse suspecte a ainsi été mise en évidence dans la région d’un sac anal, il est intéressant (photos ci-dessous) :

1 – d’abord, de la regarder en échographie, pour savoir s’il s’agit d’une masse creuse (on pensera alors plutôt à un abcès… même s’il peut y avoir des tumeurs avec une cavité à l’intérieur), ou d’une masse tissulaire. Dans ce dernier cas, on pourra réaliser des cytoponctions pour en prélever quelques cellules, afin de vérifier sous le microscope s’il s’agit ou non de quelque chose de tumoral,

2 – si la suspicion de tumeur a l’air de se confirmer, on va reprendre notre échographe pour aller regarder si les ganglions lombo-aortiques, qui se trouvent à l’arrière de l’abdomen, et qui drainent la région anale, ont été contaminés par la tumeur (c’est le cas pour 47 à 72% des adénocarcinomes des sacs anaux, selon les études) : si oui, il faudra aller les retirer chirurgicalement en même temps que la tumeur elle-même. On pourra aussi réaliser des radiographies thoraciques : les cellules cancéreuses autour de l’anus ne pouvant cheminer que vers l’avant, les poumons seront logiquement atteints par les métastases plus tardivement que les ganglions de l’entrée du bassin, et si c’est le cas, ce ne sera évidemment pas bon signe.

3 – de faire une prise de sang au chien pour doser le calcium : celui-ci est souvent anormalement élevé en cas de tumeur du sac anal, ce qui peut provoquer l’augmentation de la soif et de la quantité d’urines émises dont nous avons parlé plus haut.

Une fois ce bilan effectué, on va retirer chirurgicalement la tumeur, et les ganglions iliaques et sous-lombaires s’ils sont contaminés. L’intervention est délicate, surtout si la tumeur est de grande taille, car il  ne faut pas endommager le sphincter anal, ce qui pourrait rendre le chien incontinent fécal. La chirurgie peut être suivie d’une chimiothérapie, surtout en cas d’atteinte des ganglions lombo-aortiques.

Les propriétaires de ce griffon de 11 ans ont remarqué une masse qui déformait le bord gauche de l’anus de leur chien (photo en haut à gauche). Une échographie a confirmé qu’il s’agissait bien d’une masse tissulaire, de forme bosselée et de densité hétérogène (en haut à droite). Des cytoponctions réalisées à la clinique vétérinaire de Calvisson ont confirmé la nature tumorale de la masse, avec des cellules présentant des caractères nets de malignité. A l’échographie, les ganglions lombo-aortiques avaient une forme sphérique et une taille très augmentée (jusqu’à 6 cm), indiquant un envahissement tumoral (Ci-dessus à gauche). La masse a été retirée, ainsi que les ganglions iliaques, mais le chien a malheureusement dû être euthanasié un mois plus tard, suite à une hernie discale sans rapport avec le processus tumoral. L’examen histologique a confirmé qu’il s’agissait d’un adénocarcinome du sac anal gauche. Ci-dessus à droite : aspect échographique des ganglions lombo-aortiques d’un caniche de 10 ans, présentant une énorme tumeur du sac anal gauche. La calcémie (taux de calcium dans le sang) était nettement augmentée, à 144 mg/l (valeurs usuelles : 78-113). Le sac anal, ainsi que les ganglions hypertrophiés, ont été retirés. L’examen histologique a confirmé la suspicion de carcinome des glandes pariétale du sac anal avec extension metastatique aux noeuds lymphatiques. Une chimiothérapie par voie orale, assez peu contraignante a été mise en place, et le chien a vécu dans de bonnes conditions pendant plus de deux ans (802 jours), malgré les facteurs pronostiques très défavorables que constituaient la taille de la tumeur primitive, celle des ganglions lombo-aortiques, et la calcémie élevée.

Photo en haut à gauche : échographie d’une masse dans la région du sac anal, chez un chien de treize ans. La tumeur (en haut à gauche de l’image) est entourée d’une importante quantité de pus, qui pourrait laisser croire à un « simple » abcès, mais l’examen échographique de la région sous-lombaire montre des ganglions de forme arrondie et de taille très augmentée (en haut à droite : coupe transversale de la région). Le pus est aspiré sous contrôle échographique, et la masse est ponctionnée. L’examen cytologique montre la présence de cellules présentant des caractères tumoraux, organisées en boules cellulaires (photo ci-dessus). Il s’agit donc d’un adénocarcinome, la tumeur des sacs anaux la plus fréquente, celui-ci ayant métastasé aux ganglions iliaques et sous-lombaires.

Le pronostic des tumeurs du sac anal varie en fonction de plusieurs facteurs : si le taux de calcium était anormalement élevé au départ, la médiane de survie est de 256 jours après traitement, contre 584 jours chez les chiens qui avaient un taux de calcium normal au moment de l’intervention. La décision de ne pas opérer, ou une taille de tumeur supérieure à 10 cm2 sont aussi de mauvais facteurs pronostiques.

Dans le cas des mélanomes du sac anal, le pronostic est plus sombre, avec une médiane de survie de 107 jours, avec ou sans traitement.

Contrairement à ce que nous avons vu chez les chiens présentés jusque là, les cellules cancéreuses ont déjà dépassé les ganglions sous-lombaires et iliaques, chez ce pauvre cocker de 12 ans, présenté pour une polyuro-polydipsie (pUpD = soif et quantité d’urines augmentées) durant depuis deux mois, et présence d’une masse à gauche de l’anus (échographie ci-dessus à gauche : masse hétérogène, avec des points de calcification). Le calcium est élevé, à 155 mg/l (valeurs usuelles : 78-113), ce qui explique la pUpD, et des masses évoquant des métastases sont visibles à l’échographie du foie (ci-dessus à droite) et sur les radios pulmonaires (ci-contre). Des cytoponctions de la masse hépatique ont été réalisées et envoyées à un laboratoire qui a confirmé la suspicion de métastase d’un adénocarcinome du sac anal.

Ci-dessus et ci-contre, le cas beaucoup plus rare d’un mélanome malin du sac anal droit, chez ce labrador de huit ans. La tumeur est de taille importante (photo ci-dessus à gauche, juste avant l’intervention) : une suture en bourse a été mise en place autour de l’anus,  pour éviter la sortie malencontreuse d’excréments en plein milieu de la chirurgie ! L’échographie pré-opératoire (ci-dessus à droite), avait montré une masse de densité tissulaire, hétérogène, permettant d’exclure un « simple » abcès.

Sur la cytoponction réalisée avant l’intervention (ci-dessus à gauche), d’assez nombreuses cellules présentaient des caractères de malignité (cellules de grande taille, plurinuléées, avec anisocytose et anisocaryose…), certaines d’entre elles contenant de petits granules cytoplasmiques, évoquant des mélanocytes (flèches). L’analyse histologique d’un fragment de la tumeur, après son retrait chirurgical, a confirmé qu’il s’agissait malheureusement bien d’un mélanome malin en cours de diffusion métastatique, avec présence d’emboles vasculaires, évidemment de mauvais pronostic.